Saint Jean chez les négas : deuxième round

Saint Jean Bricmont vient encore de faire des siennes. Après son soutien appuyé à l’initiative de négationnistes en faveur de Kadhafi, il fait désormais la promotion du film de Paul-Eric Blanrue sur Robert Faurisson… chez Blanrue, se permettant de faire au passage quelques «suggestions» malvenues aux historiens[1].

« J’ai vu ton film « Un homme ». Je ne le commenterai pas, parce que, de même que sans la liberté de blâmer, il n’est point d’éloge flatteur, sans la liberté de louer, il n’est point de critique honorable.» C’est ainsi que Saint Jean commence sa diatribe. Un refus de commenter un film hagiographique sur un négationniste et ses idées, suivit d’une éloge de la liberté d’en faire l’éloge : ça promet !

« Ni les compétences, ni le temps, ni l’envie de discuter » les thèses négationnistes

Le texte qui s’ensuit est un long pensum dans lequel Saint Jean explique que n’étant pas historien, il ne peut se positionner – ni ne le souhaite – sur le « sérieux » des « travaux » de Faurisson. De la part d’un intellectuel qui ne cesse de s’exprimer par ailleurs sur nombre de sujets pour lesquels il n’a aucune espèce de compétence (il est physicien) ni de légitimité – ou du moins pas plus que le commun des mortels – en science politique, sociologie, droit, et même histoire, il est tout de même notable que le seul sujet concernant ces domaines sur lequel il prétend ne pas avoir ou ne pas pouvoir avoir de jugement est celui des thèses négationnistes. Venant d’un intellectuel aussi reconnu, soucieux de sa responsabilité d’intellectuel et encore classé à gauche malgré ses nombreuses prises de positions antérieures douteuses, c’est presque un blanc-seing accordé aux négationnistes. Car il pourrait, à la rigueur, expliquer qu’il défend la liberté d’expression des négationnistes comme celle de tout un chacun mais qu’il trouve leurs idées détestables – position qu’on peut discuter mais qui paraît défendable – mais non : il franchit un pas dans l’acoquinage en refusant de condamner leur thèses et en choisissant de n’en rien dire[2]. Les négas doivent adorer !

On remarque le ton très cordial et très familier avec lequel il s’adresse à Blanrue lorsqu’il exprime ce point de vue : « Comme je te l’ai toujours dit, je défends la liberté d’expression contre la loi Gayssot et les lois sur l’incitation à la haine (du moins telles qu’elles sont en général interprétées), mais je n’entrerai pas dans un débat sur l’histoire. La France est probablement un des pays au monde où il est le plus difficile de défendre la liberté pour des opinions qu’on ne partage pas ou que l’on n’a ni les compétences, ni le temps, ni l’envie de discuter. »

Et même, immédiatement après, Saint Jean va plus loin : « Ceci dit, je reconnais un grand courage aux révisionnistes, vu la sévérité de la répression à leur égard, mais je ne fais pas du courage une valeur en soi. » Plus loin il confirme : « Mais si j’étais historien (ce que je ne suis pas) et que donc, comme l’immense majorité d’entre eux, je considérerais Faurisson comme un charlatan ». N’étant pas historien, il se refuse donc bien de se prononcer. Sur un tel sujet, c’est quasiment approuver. La messe est dite !

Révisionnistes ou négationnistes ?

On remarque par la même occasion que Saint Jean utilise le terme « révisionnistes » pour désigner les négationnistes. Or, ce terme est utilisé et promu par eux pour atténuer le caractère détestable de leurs thèses et tenter de faire paraître leurs « travaux » comme respectables et aussi valables que d’autres, quand le mot « négationniste » est chargé d’une connotation péjorative qui a l’avantage de permettre d’appeler sans sourciller un chat un chat et un antisémite un antisémite. L’emploi du terme « révisionniste » est donc loin d’être neutre.

C’est même un terme piège : en effet, on pourrait considérer que le révisionnisme – au sens scientifique de revoir en permanence à l’aune des nouvelles connaissances ce qui est acquis pour des vérités à un moment donné de la recherche – est à la base de la science historique comme de toute science. C’est d’ailleurs bien pour cela que les négationnistes l’emploient, tentant de faire passer leurs pseudo-preuves de la soi-disant non existence des camps de concentration et d’extermination – ou du fait qu’ils n’auraient pas faits autant de victimes qu’on le pense – comme une démarche visant à récuser scientifiquement ce qui est acquis comme des faits largement démontrés. C’est exactement le même argument qu’utilisent, dans un autre domaine, les créationnistes pour remettre en cause la théorie de l’évolution.

Le problème des uns et des autres est bien évidemment que leurs supposées recherches ne répondent pas à un autre critère tout aussi important quand il s’agit de définir ce qui relève ou pas d’une recherche scientifique sérieuse : la validation des recherches et de leurs résultats par les pairs. Tout comme les thèses créationnistes ne sont pas validées par la communauté des biologistes, les thèses négationnistes concernant la Shoah ne sont pas validées par la communauté des historiens. Saint Jean devrait le savoir, lui qui est un scientifique, et devrait en tenir compte.

La loi Gayssot contre la critique des guerres impérialistes ?

Concernant la loi Gayssot, Saint Jean dresse un raisonnement à l’emporte-pièces :

«Le caractère central de cette loi dans notre culture ne tient pas seulement à l’histoire de la Deuxième Guerre mondiale, mais à la sacralisation de tous les massacres « utiles », c’est-à-dire ceux qui peuvent être mis sur le compte des ennemis de l’Occident et, par conséquent, servir à justifier nos guerres et nos interventions, qu’il s’agisse de Srebrenica, des événements au Kosovo, des crimes de Saddam Hussein, de la répression en Iran ou en Chine, et plus récemment en Libye et en Syrie. Quiconque met en question le récit dominant de ces événements ou situe le contexte dans lequel ils ont lieu, est immédiatement taxé de « révisionnisme » ou de « négationnisme », ce qui, grâce à cette loi ou, plus exactement, grâce au climat quasi-religieux qui l’a rendue possible, est considéré comme le mal absolu. Comme toutes les guerres sont justifiées par la diabolisation de l’ennemi, l’impossibilité pratique de contester cette diabolisation met dans une situation impossible les adversaires de la politique d’ingérence tous azimuts poursuivie aujourd’hui.

Mon opposition à cette loi se fonde non seulement sur la défense « de principe » de la liberté d’expression, mais aussi sur le combat contre la propagande de guerre et pour la paix.»

On comprend mal ici le lien entre le combat contre une loi interdisant le négationnisme du génocide des Juifs par les nazis durant la Seconde guerre mondiale et « le combat contre la propagande de guerre et pour la paix ». Est-ce à dire que seuls les négationnistes sont de vrais pacifistes et d’authentiques impérialistes ? On n’en est pas loin, surtout après l’épisode « Saint Jean chez les négas » en soutien à Kadhafi.

De même, en quoi la loi Gayssot correspond à une « sacralisation de tous les massacres « utiles »» ? Saint Jean ne l’explique pas : du coup, cette affirmation paraît relativement gratuite, et ne semble répondre qu’à un objectif de propagande pro-négationniste. De plus, le parallèle entre la Shoah et les autres faits évoqués est fantaisiste, sinon anachronique. Une telle comparaison laisse même entendre, si on pousse sa logique au bout, que le combat contre les nazis était déjà une lutte des « Occidentaux » (ici les Alliés) contre des « anti-impérialistes » (là les nazis). Or, non seulement les nazis étaient tout aussi Occidentaux que leurs ennemis du front ouest (ils prétendaient même défendre la « civilisation européenne » contre le « bolchevisme »), mais aussi sacrément impérialistes. Une telle comparaison n’a donc tout simplement pas lieu d’être, si ce n’est, encore une fois, à des fins de propagande pro-négationniste.

Saint Jean affirme également : « Quiconque met en question le récit dominant de ces événements ou situe le contexte dans lequel ils ont lieu, est immédiatement taxé de « révisionnisme » ou de « négationnisme », ce qui, grâce à cette loi ou, plus exactement, grâce au climat quasi-religieux qui l’a rendue possible, est considéré comme le mal absolu. Comme toutes les guerres sont justifiées par la diabolisation de l’ennemi, l’impossibilité pratique de contester cette diabolisation met dans une situation impossible les adversaires de la politique d’ingérence tous azimuts poursuivie aujourd’hui. » Là encore, ces affirmations ne reposent sur rien de réel : jamais les opposants, par exemple, à la guerre en Afghanistan ou en Irak n’ont été taxés dans leur globalité et de manière systématique d’être « négationnistes ». C’est peut-être arrivé une ou deux fois de la part d’éditorialistes ou de politiciens pro-guerre hystériques, mais en aucun cas d’une façon si massive qu’on puisse en faire un argument de portée si générale. Et la plupart du temps, ni les éditorialistes, ni les politiciens n’ont besoin d’en venir là pour décrédibiliser un adversaire, surtout s’il s’agit d’un adversaire collectif (ce genre d’accusation est bien plus porteur contre un-e individu-e nommément cité-e).

Il peut bien sûr arriver que des anti-impérialistes et des pacifistes soient « diabolisés » par la propagande de guerre, c’est même un fait quasi-systématique. Il peut éventuellement arriver que dans ce cadre, ils soient accusés à tort d’être « négationnistes ». Seulement, la loi Gayssot n’y est pour rien, puisqu’elle ne porte que sur la négation de la Shoah.

Et répétons le : ce n’est pas parce que l’accusation d’être négationniste ou antisémite est parfois utilisée à tort comme un moyen efficace de décrédibiliser un adversaire que pour autant, il n’existe pas de vrais antisémites et de vrais négationnistes. Mais un tel positionnement ne doit plus guère étonner de la part d’un homme qui prône une alliance des « antisémites réels ou supposés » contre le « lobby pro-israélien »[3]. Or, force est de constater que parmi les soutiens à Kadhafi par exemple, aux côtés desquels Saint Jean manifeste sans gêne, les vrais antisémites de manquaient pas, niant d’ailleurs également les crimes de Kadhafi au nom de ceux perpétués par l’Otan ou le CNT.Une position tout à fait intenable : en quoi les crimes des uns devraient-il faire oublier ceux des autres ? De plus, dire cela c’est se situer dans la même logique de deux poids, deux mesures concernant les crimes de guerre que celle appliquée par les adversaires qu’on prétend dénoncer parce qu’ils minimisent les crimes de leurs alliés.

Saint-Jean-des-Bons-Conseils

Face à tant de légèreté dans l’argumentaire, on ne peut que s’amuser de voir Saint-Jean affirmer plus loin, au sujet de la pénétration des idées négationnistes dans la société, qu’il s’agit là d’une « assertion que je n’ai pas les moyens de vérifier, mais dont on nous rebat les oreilles ».

Sans surprise, Saint Jean poursuit :

« Je note (et je m’en réjouis) que la simple existence de ton film pose un sérieux problème aux censeurs. En effet, soit ils poursuivent en justice et font alors une publicité maximale au film, qui restera de toutes façons disponible sur la toile (je remarque au passage que c’est exactement ce qu’ils ont fait dans le passé avec Faurisson, Garaudy et d’autres-assurer un maximum de publicité à leurs vues en les poursuivant devant les tribunaux- et qu’il est un peu osé de leur part de venir ensuite se plaindre de la diffusion des idées qu’ils cherchent à interdire, ce qui est manifestement impossible dans les sociétés telles que les nôtres). Soit, ils ferment les yeux, et la loi Gayssot est de facto morte, car comment encore l’invoquer si la circulation de ton film n’est pas sanctionnée? Dans ce cas, cela fera trente ans de « combat anti-révisionniste » confié, non pas au libre affrontement entre la vérité et l’erreur, mais aux bons soins de la police, de l’intimidation et du terrorisme intellectuel, qui finiront dans les poubelles de l’histoire. Tous les amoureux de la liberté devraient s’en réjouir. »

Ainsi donc, le « combat antirévisionniste » relèverait des « bons soins de la police, de l’intimidation et du terrorisme intellectuel, qui finiront dans les poubelles de l’histoire. » Fermez le ban.

Ensuite, Saint-Jean se lance dans une série de « suggestions » aux historiens (alors même qu’il vient tout juste d’admettre qu’il n’a aucune espèce de compétence en la matière, ce qui lui interdit même de juger du bien fondé ou non des thèses négationnistes). La principale réside en ceci : Saint Jean leur suggère d’utiliser le film de Blanrue « à des fins pédagogiques » pour prendre « une à une les assertions de Faurisson dans le film pour les réfuter ». Problème, nous dit Saint Jean : la loi Gayssot donne à la chose un caractère « dangereux », en mettant celui qui s’y risquerait face au danger d’être poursuivi, puisque « citer Faurisson peut être risqué ». D’où une deuxième « suggestion » aux historiens : « réclamer l’abrogation de cette loi absurde ».

A l’appui de sa démonstration concernant le prétendu « danger » de la loi Gayssot, Bricmont évoque le cas de Bruno Gollnisch : « Gollnisch a été poursuivi sur la base de cette loi, alors qu’il n’a rien dit d’explicitement révisionniste, mais que ses propos ont simplement été interprétés comme tels (vu, sans doute, sa position au FN). Le problème posé par cette loi est non seulement ce qu’elle dit, mais la façon absolument arbitraire avec laquelle elle est appliquée. La loi réinstaure le délit d’opinion, mais l’exemple de Gollnisch montre qu’on a  également réinstauré le délit d’intention (on l’a poursuivi, non pour ce qu’il a dit, mais pour ce qu’il est supposé avoir voulu dire). » Rappelons qu’en octobre 2004, Bruno Gollnisch a notamment déclaré : « l’existence des chambres à gaz, c’est aux historiens d’en discuter ». Quand un responsable politique d’extrême droite fait une réflexion pareille, on peut subodorer de ce qu’il pense réellement de l’existence des chambres à gaz. D’autant que contrairement à ce que suggère Saint-Jean, son orientation politique doit être prise en compte lorsqu’il s’agit de juger de tels propos. Or, pour ceux-ci, ce haut responsable du Front national n’a même pas été condamné : le 23 juin 2009, la Cour de Cassation a annulé l’arrêt de la cour d’appel le condamnant[4]. Preuve que l’application de la loi Gayssot n’est pas aussi sèvère que Saint Jean et ses amis veulent bien le croire et le faire croire…

Notons au passage que Gollnisch, alors, n’a pas cité Faurisson : il est donc fallacieux de déduire de son cas, comme le fait Saint Jean, que la loi Gayssot rend « risquée » toute citation du théoricien négationniste. D’ailleurs, on peut encore citer d’autres exemples démontrant que ce « risque » est quasi nul : les sites de démontage des thèses négationnistes citent des gens comme Faurisson pour démonter leurs raisonnements. Ils ne sont jamais poursuivis, et c’est tant mieux. A contrario, les sites négationnistes pullulent sur Internet sans jamais être embêtés ou si peu. Citons un seul exemple : Hervé Ryssen, antisémite dont les écrits – qu’il diffuse via des sites et via des livres – sont d’une violence rare, n’a écopé en tout et pour tout au cour de sa carrière que d’une amende pour avoir distribué en 2009 dans la ville d’Arras des tracts antisémites intitulés « Ce que veulent les juifs » .

Défense de la liberté d’expression : deux poids, deux mesures ?

En revanche, la répression à l’égard d’anarchistes ou de militants d’extrême gauche est souvent bien plus sévère, et on se demande pourquoi, si Saint Jean est un défenseur sincère de la liberté d’expression pour tou-te-s, il ne s’intéresse qu’à celle des négationnistes. Les occasions de défendre cette liberté d’expression en d’autres occasions ne manquent pourtant pas, ainsi :

– Saint Jean n’a pas signé la pétition de soutien à l’ancien militant d’Action directe Jean-Marc Rouillan[5], dont le régime de semi-liberté a été suspendu en octobre 2008 suite à des propos tenus dans le journal L’Express. Pourtant, la procédure qui l’a reconduit en prison, et qui a été adoptée sous forte pression médiatique, est beaucoup plus discutable que celle qui a conduit le négationniste Vincent Reynouard en prison (et ceci dit sans que nous ne souhaitions que quiconque aille en prison ou soit poursuivi pour ses idées : nous sommes et contre la prison, et contre toute forme de répression étatico-policière, mais quand elle touche nos ennemis). Concernant Rouillan, il est à noter qu’il est aussi condamné à ne jamais plus rien écrire ou dire publiquement sur son passé à Action directe. Or, à notre connaissance, Saint Jean n’en a jamais rien dit. Rappelons lui enfin que parallèlement aux traitements inhumains dont sont l’objet les militants d’Action directe, les terroristes de l’OAS ont tous bénéficié d’amnisties successives entre 1968 et 1987, soit même après l’arrivée de Mitterrand et de la gauche au pouvoir. Il y a bien là un « deux poids, deux mesures » dont il pourrait à juste titre s’offusquer.

– Un mois à peine après la remise en taule à temps plein de Rouillan, explosait l’affaire Tarnac, dans laquelle des militants ont fait l’objet de procédures d’exceptions et engeôlés au mépris du droit (puisque Saint Jean adore se situer sur ce terrain, situons-y nous, même si nous n’avons aucune sympathie pour la justice bourgeoise et les lois qui le régissent) simplement à cause de leurs idées. A l’heure d’aujourd’hui, on attend encore une réaction de notre justicier belge grand défenseur de la liberté d’expression.

– Les cas de répression à l’égard de militants syndicaux sanctionnés, placardisés, virés pour avoir condamné les agissements de leurs entreprises dans le cadre de leurs fonctions militantes ne manquent pas, en particulier à La Poste, mais aussi ailleurs. On attend toujours de la part de Saint Jean l’once d’une protestation à ce sujet.

– Des sites Internet et médias militants sont régulièrement poursuivis devant les tribunaux, que ce soit par l’Etat ou par des groupuscules d’extrême droite. On peut citer de nombreux cas au cours des derniers mois et dernières années : plusieurs Indymedia, le Jura libertaire, La Brique, Rebellyon ou, tout récemment, Copwatch Nord-Ile-de-France, qui a même fait l’objet d’une mesure de filtrage – une première ! Qu’en dit Saint Jean ? Rien. Alors ?

Alors ? Et bien, tout ceci démontre que Saint Jean Bricmont a désormais choisit son camp : celui des négas et des fafs. Car comment considérer autrement un intellectuel qui se proclame « anar » mais qui passe son temps à taper sur la gauche, l’extrême gauche et les anars tout en défendant avec le même véhémence l’extrême droite et ses pires représentants ?

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P.-S. : En complément de cet article, nous invitons nos lecteur-rice-s à (re)lire le « Contre leur liberté d’expression » du collectif Luftmenschen.


[1] Ce texte est à lire ici : blanrue.blogspot.com/2011/10/un-homme-faurisson-les-suggestions-de.html

[2] Une position qui rappelle assez celle de son maître à penser Noam Chomsky qui, accusé d’avoir apporté son soutien à Robert Faurisson sur une base de défense de sa liberté d’expression, a pour autant refusé de reconnaître le caractère nauséabond de ses thèses. Rappelant sa position sur la liberté d’expression – position sur laquelle il a basé sa défense de Faurisson, Chomsky avait à l’époque déclaré : « Ceci mis à part, est il vrai que Faurisson est un antisémite et un néo-nazi ? Comme je l’ai déjà noté précédemment, je ne connais pas très bien ses travaux. Mais de ce que j’en ai lu – qui résulte largement de la nature des attaques portées contre lui – je n’ai trouvé aucune preuve permettant de parvenir à cette conclusion. […] Pour autant que je puisse en déterminer, il s’agit d’une sorte de progressiste apolitique [apolitical liberal]. » Par la suite, Chomsky jugera que « beaucoup d’hommes de lettres ont trouvé scandaleux que je soutienne le droit de Faurisson à s’exprimer librementsans avoir attentivement analysé ses travaux. C’est là une doctrine étrange qui, si elle était adoptée, bloquerait effectivement toute tentative de défendre les droits civils d’une personnes développant des idées impopulaires ». Or, on voit mal comment le fait de condamner le négationnisme rendrait impossible toute défense de la liberté d’expression des négationnistes, et pourquoi l’un de pourrait pas aller sans l’autre : en effet, ce sont là deux choses bien différentes. Voir le résumé de l’affaire en anglais sur Wikipedia : http://en.wikipedia.org/wiki/Faurisson_affair. Voir aussi la réponse qu’avait fait à l’époque Pierre Vidal-Naquet à Chomsky, réponse largement traitée par dessus la jambe par les défenseurs du grrrrrraaaaannnnd intellectuel américain : http://www.anti-rev.org/textes/VidalNaquet81a/.

[3] Lire à ce sujet l’analyse de l’Union des progressistes juifs de Belgique parue entre autres sur Indymedia Paris, « Les trois formules du professeur Bricmont » : http://paris.indymedia.org/spip.php?article4776. Pour les sceptiques, les écrits de Bricmont incriminés peuvent être consultés sur Le Grand Soir  : legrandsoir.info/Pour-en-finir-avec-l-antisemitisme.html ou sur le site « national-révolutionnaire » VoxNR : voxnr.com/cc/tribune_libre/EEZpFVkVklZqeKFOZZ.shtml

[4] Voir l’arrêt de la Cour de Cassation : http://fr.wikisource.org/wiki/Cour_de_cassation_-_08-82.521

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12 réponses à Saint Jean chez les négas : deuxième round

  1. Thomas dit :

    On retrouve des choses intéressantes sur Internet :
    http://www.dailymotion.com/video/x8mf8i_rtbf-delire-sur-le-11-septembre-200_news

    Ci-dessus une archive d’une émission RTBF consacrée aux attentats du 9/11 et où, outre le gourou Christian Cotten, on retrouve déjà notre duo de Saint Jean jouant de sa flûte anti-impérialiste (US uniquement) histoire de mieux faire passer la pilule. Pas étonnant donc de les retrouver où ils sont aujourd’hui.

  2. Mézigue dit :

    En fait, nous sommes d’accord. (Je connaissais ce texte) . Je précise donc : Faurisson avait, comme je l’ai écrit « une certaine compétence » en Littérature française contemporaine mais sa personnalité obsessionnelle était déjà perceptible dans sa façon de parler de Lautréamont ou de Rimbaud.

  3. Tout à fait Mézigue.

    Cela dit, sur Faurisson, vous êtes bien gentil. Exemple avec Lautréamont : http://www.phdn.org/negation/faurisson/maldoror.html

  4. Mézigue dit :

    Il est complètement incohérent d’écrire d’un côté que l’on « a pas le courage de lire en entier ce texte » (pourtant pas bien long) et de l’autre d’avoir l’implicite prétention de faire croire que l’on est soi-même assez compétent pour juger de la qualité des lectures d’un auteur sans avoir soi-même jamais, très probablement, ouvert un livre des auteurs cités.

    Ce qui me fait penser – je vous le dis franchement – que vous êtes très certainement un fumiste (et un partisan des thèses qu’il défend …) qui se croit malin parce qu’il est capable d’écrire un commentaire à partir de copiés/collés lus en travers sur une encyclopédie en ligne.

    Ce qui me fait vous coller ce qualificatif est que vous essayez – très maladroitement – de « noyer le poisson » en faisant semblant de ne pas comprendre ce qui est reproché ici à Bricmont.

    Quant bien même ce dernier aurait dans le domaine philosophique les hautes compétences que vous lui attribuez de façon si farfelue, je ne vois pas en quoi cela pourrait cautionner d’une quelconque façon que j’appelle ses obsessions de « politologue » obsessionnel du sionisme et de l’antisionisme.

    Pour votre gouverne, un Faurisson avait une certaine compétence dans le domaine de la Littérature Française contemporaine. Il n’empêche que c’est devenu, lui aussi, un obsessionnel.

  5. PS : « J’ai franchement pas le courage de lire en entier ce texte. Un autre jour peut être » : voilà qui relève d’une démarche critique sérieuse, pour quelqu’un qui semble se revendiquer d’une pensée scientifique et philosophique exigeante !

  6. « Ensuite Bricmont a quelques raisons de se trouver plus de compétences que le commun des mortels sur des questions de débat public » : ah oui et pourquoi donc ? Qu’il s’en trouve c’est une chose, mais alors qu’il nous permette de ne pas partager son avis. Les intellectuels sont des gens comme les autres : ils naissent, ils chient, ils pètent, ils pissent, il meurent… et ils font des erreurs. Nous ne sommes pas anti-intellectualistes, mais ne voyons pas pour autant pourquoi nous devrions placer les intellos sur un piédestal. Un chômeur ou un ouvrier a autant de légitimité que Bricmont ou que n’importe qui pour s’exprimer sur la politique, question qui nous concerne tou-te-s, intellectuel-le-s ou non.

    Encore une fois : nous n’avons jamais voulu interdire personne. Simplement, que les fafs et leurs amis aillent s’exprimer entre eux et nous foutent la paix chez nous ! Et puis la censure relève d’une politique d’Etat, et on ne saurait qualifier comme telle le fait qu’un lieu militant refuse de recevoir quelqu’un qu’il considère comme un ennemi politique. Idem avec un journal militant qui refuserait de donner la parole à ses ennemis.

    Quant aux « positions philosophiques fortes et exigeantes de Bricmont »… Désolés, mais elles n’ont rien d’original. Bricmont répète ce que dit Chomsky, Petras et quelques autres intellos américains. En matière de politique, il n’a pas vraiment de pensée propre et se révèle largement être une « imposture intellectuelle ».

  7. thealo dit :

    J’ai franchement pas le courage de lire en entier ce texte. Un autre jour peut être. Simplement quelques remarques. Je trouve assez malvenue que l’auteur de cet article, apparemment aussi banal qu’interminable, qualifie le texte de Bricmont de pensum.
    Ensuite il est évident que la question de l’expertise n’est pas la même quand on parle de physique, de biologie, de mathématique et de science dure en général et quand on en parle pour les sciences humaines. L’évidence crève les yeux.
    Ensuite Bricmont a quelques raisons de se trouver plus de compétences que le commun des mortels sur des questions de débat public. Il est un lecteur avisée et très critique de philosophie et de sciences humaines (Hume, Descartes, la tradition analytique, Russel, Moore, le Cercle de Vienne, Quine, Wittgenstein, Popper, l’école australienne de philosophie, Chomsky, Dennett, des postmodernes et j’en passe). Il est entré plein pot, dans la querelle contre les postmodernes et plus généralement dans la querelle entre les réalistes et les idéaliste, où son analyse est une contribution importante (l’affaire Sokal et ses suites). En deux mots il tire sa compétence d’un travail et d’une rigueur méthodologique.
    Enfin il ne conteste aucunement le droit à la libre expression des créationnistes (légale) de même qu’il défend celle des négationnistes (car illégale). Il a joué et joue un rôle important dans la revue Sciences et pseudos sciences qui se dévoue plus que vous, depuis plus longtemps et plus méthodiquement que vous, à la critique du créationnisme, du conspirationnisme, des fausses thérapies etc. Mais critiquer ce n’est pas interdire!
    En deux mots c’est simplement quelqu’un qui a des positions philosophiques fortes et exigeantes. Ca vous défrise.Tant pis.

  8. Mézigue dit :

    @ Thomas

    Votre réflexion et vos explications sur les propos de Bricmont me semblent fort juste. Mais – j’insiste (voir ci-dessous) – a-t-il réellement trouvé TOUT SEULl ces « raisonnements » boiteux ou les a-t-il trouvé chez le théoricien de la ND ? J’ai de plus en plus tendance à considérer que c’est la deuxième solution qui est la bonne.

    Il faut avoir l’immense orgueil intellectuel d’un Taguieff* pour ne pas s’être aperçu qu’Alain de Benoist, ce n’est PAS SEULEMENT un intellectuel à qui IL (lui, le « brillant » Taguieff) peut donner la réplique mais bien quelqu’un qui a alimenté (De Soral à Bouchet en passant par tous les petits bourgeois déclassés qui se prennent pour des penseurs politiques « rebelles » …) en permanence un discours néo-fasciste (ni droite, ni gauche, contre le Capital et le libéralisme, etc, etc).

    *Auteur d’un ouvrage « de référence » sur la ND :
    http://books.google.fr/books/about/Sur_la_Nouvelle_Droite.html?id=D1WwAAAAIAAJ

  9. Mézigue dit :

    A propos de la zététique :

    On sait ce qu’est devenue (1) une branche de la zététique, le « cercle zététique » (2) (président fondateur, Paul-Éric Blanrue) et qui ce cercle invite :

    http://www.zetetique.ldh.org/

    (1) Tant que la zététique pratique « l’art du doute »ou se réclame du scepticisme scientifique, on ne peut rien lui reprocher. Le problème est qu’aujourd’hui elle est instrumentalisée au service d’une cause nauséabonde.
    On peut d’ailleurs noter qu’Henri Broch, récuse et refuse (au moins en parole) tous liens avec l’extrême-droite
    http://zetetique.fr/index.php/faq#polit

    (2) Que du « beau » monde …
    http://reflexes.samizdat.net/spip.php?article444

  10. Ricky dit :

    Autre chose que la vision Binaire des « bons » et des « méchants » de Bricmont sur la Lybie.

    Et c’est des communistes Irakiens et Iraniens qui en parlent ne lui en déplaise. Ha mais ca doit être inconcevable pour notre « rationaliste zetetique » qu’il y ai des communistes ou des anarchistes au proche Orient.

    http://bataillesocialiste.wordpress.com/2011/10/30/la-lutte-du-peuple-libyen-doit-continuer-communique-du-puco/

  11. Mézigue dit :

    Il serait intéressant de creuser les rapports intellectuels que Bricmont entretient avec le guru de la nouvelle droite Alain de de Benoist qui, tout comme le premier – comme le fait fort justement remarquer RSS dans le commentaire ci-dessus – ne semble, lui aussi, pas capable d’écrire (il a pourtant écrit sur de nombreux sujets …) une BONNE FOIS POUR TOUTES qu’il ne « cautionne pas les écrits » – et ne semble pas pressé de le faire ! – de tous les cinglés, et autres tarés défendant la « cause » du négationnisme (On peut également remarquer qu’Alain de Benoist est aussi très « discret » et « retenu » dans ses jugements sur la barbarie nazie et sur la Shoah en particulier …)

    En tous cas merci pour cet article argumenté qui met en mots ce qui m’était venu à l’esprit en écoutant les salmigondis de Bricmont. Au passage on peut remarquer que cette « évolution » (involution en réalité) intellectuelle du petit physicien belge relativise ce qui l’a amené à une certaine notoriété suite « l’Affaire Sokal ». Les psychiatres et les psychanalystes le savent bien, trop de rationalisme conduit parfois à la folie pure, ou tout du moins, à certaines formes de douce folie …

  12. Thomas dit :

    « «Le caractère central de cette loi dans notre culture ne tient pas seulement à l’histoire de la Deuxième Guerre mondiale, mais à la sacralisation de tous les massacres « utiles », c’est-à-dire ceux qui peuvent être mis sur le compte des ennemis de l’Occident et, par conséquent, servir à justifier nos guerres et nos interventions, qu’il s’agisse de Srebrenica, des événements au Kosovo, des crimes de Saddam Hussein, de la répression en Iran ou en Chine, et plus récemment en Libye et en Syrie. »

    Ca ne tient pas. La loi Gayssot n’existe qu’en France et n’a donnée comme clone que celle interdisant le négation du génocide arménien (il me semble). Rien n’indique donc qu’on s’en sert pour sacraliser l’Occident et faire passer nos guerre impérialistes. De plus, on a jamais eu besoin de ça.

    Maintenant quant à savoir pourquoi ce genre de loi existe chez nous, il faut lier cela à la fois au passé Vichyste et par la suite à la création du « Crime contre l’Humanité » pour réussir à juger ceux – nombreux – a avoir pu échapper à la Justice d’alors. Cette loi est comme sa suite logique. Qu’un américain comme Chomsky ne connaisse pas ce processus ou n’en comprend pas la logique c’est normal. Pour un Belge francophone, un peu moins. Mais s’y est-il seulement intéressé avant de gloser sur le complot impérialiste permanent ?

    « Quiconque met en question le récit dominant de ces événements ou situe le contexte dans lequel ils ont lieu, est immédiatement taxé de « révisionnisme » ou de « négationnisme », ce qui, grâce à cette loi ou, plus exactement, grâce au climat quasi-religieux qui l’a rendue possible, est considéré comme le mal absolu.  »

    Comme c’est drôle. Saint Jean Bricmont craint de passer pour hérétique.
    J’aimerai tout de même savoir s’il existe pour lui un cas où peut effectivement être reconnue comme « négationiste » ? Peut-être faut-il que l’auteur clame au départ qu’il « révisionne » par pur logique antisémite ? Et si ça se trouve il faudra après encore s’entendre sur le terme « antisémite. »

    Alors voilà, Jean, si t’es pas capable d’écrire un truc simple comme « Je défends leur droit d’expression mais je ne cautionne pas les écrits », ne t’étonne pas de passer comme étant le même genre de fêlé. Et comme ils s’avèrent tous êtres parmi tes amis, je crois qu’on en devine un peu la raison. Mais tout ça n’est qu’un procès d’intention, j’ai bon ?

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