Nous publions ci-dessous une analyse intéressante parue sur Indymedia Paris à propos des « Indignés » et de leur manque de perspectives politiques, qui est sous tendue par la quasi-absence dans leur réflexion théorique de toute critique sociale digne de ce nom. Ce texte établit un lien avec cet « apolitisme »revendiqué et leur perméabilité aux thèses conspirationnistes : la nature ayant horreur du vide et l’ennemi capitaliste n’étant pas clairement nommé, il est normal que la lutte contre le « nouvel ordre mondial » en vienne à remplacer la lutte contre le capital, l’Etat et leurs valets.
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Depuis déjà plusieurs mois, on a vu pointer dans plusieurs pays d’Europe le mouvement dit des « indignés » ou « démocratie réelle ».
Ici comme ailleurs, celui-ci à donné lieu à plusieurs réflexes conditionnés, pièges et écueils qui touchent en général les « mouvements sociaux » : le fétichisme des pratiques d’abord (comme l’occupation de places, le sitting, les happening ou la manifestation plan-plan et maintenant la marche…) et la limitation stricte du mouvement à ces pratiques, le démocratisme ensuite (le respect religieux et le privilège donné aux décisions collectives prises en assemblées « représentatives du mouvement »), le « nihilisme citoyen » (respect borné de la loi, du vote, des « droits » donnés et des devoirs exigés par l’Etat) et la « non-violence » dogmatique (qui va jusqu’à prôner la violence policière contre ceux ou celles qui refusent ce dogme) et donc l’hégémonisme (la prise de contrôle du mouvement par une de ses franges), et surtout : l’absence de perspective révolutionnaire et l’enfermement dans des revendications abstraites et réformistes. Loin de représenter un sursaut révolutionnaire, ou une authentique révolte spontanée, ce mouvement des indignés s’inscrit bien plutôt dans la pacification de toute contestation réelle (de par le rejet de l’action directe), la militarisation de l’Etat (les guerres menées à l’étranger et le renforcement de la répression intérieure sur lesquels le silence des « indignés » est plus que suspect) et la montée du fascisme dans la société, au travers de ce mouvement notamment.
La crise comme pacification
Depuis plusieurs années déjà, les gouvernements européens, toutes tendances confondues, de gauche social-démocrate à la droite la plus réactionnaire, utilisent l’argument de la crise pour endormir tout velléité de contestation. D’un coté, il y a l’explication des gouvernements, qui est celle du FMI et de la banque mondiale : La crise serait une sorte de phénomène métaphysique que même les économistes n’arriveraient pas à s’expliquer, une sorte de catastrophe naturelle qu’il faudrait juguler et gérer à grands coups de politiques de réformes et de plans d’austérité. Comme si cette crise n’avait rien à voir avec ces mêmes politiques, comme si elle était le fait de la divine providence. Cet argumentaire vise en fait à tenter de se servir de la crise engendrée par le système capitaliste et ses Etats pour dédouaner les politiques de rigueur que cette même crise implique dans le seul but de replâtrer encore une fois le capitalisme. Les « indignés » quant à eux, dépourvus dans leur immense majorité de toute analyse de classe, et de toute critique du capitalisme, voient en général dans la crise et l’austérité le fait d’une caste de « banquiers parasites » et d’un « empire financier tentaculaire », ou « nouvel ordre mondial » qui auraient vidé les caisses quand personne ne regardait. En gros : pas besoin de se prendre la tête avec des « concepts politiques » trop compliqués : « à bas NWO » c’est tellement plus branché, tellement plus smart et ça résume tout sans avoir besoin de réfléchir…
Dans les deux cas, et du mouvement des indignés à la nouvelle extrême droite en passant par Sarkozy, tous dénoncent au final « la faillite des banques » dont le petit peuple devrait être sauvé, un « capitalisme financier » devenu fou qu’il faudrait réguler ou « purger » et une classe moyenne comme « victime de la crise ». La raison de cette analyse bancale est bien simple : la composition sociale de ce mouvement est justement celle de la sacro-sainte classe moyenne (que flatte autant Sarkozy, les socio-démocrates que les nouveaux fascistes à la Soral). Celle d’une classe qui commence à peine à percevoir les effets de « la crise », quand la majorité des exploités subissent la logique et les conditions de vie du capitalisme depuis toujours, et que la crise n’a fait qu’aggraver. D’où aussi, le décalage entre le discours « pro-révolution » des indignés concernant le monde arabe – où comme en Tunisie la pratique effective qui a dominé a été l’attaque des symboles du pouvoir, les affrontements avec la police, les pillages de supermarchés, les mutineries et incendies de prisons, et tout un ensemble de faits qui attestent une véritable logique de guerre de classes et de guérilla révolutionnaire, et toute une agitation qui, même si elle ne suffit pas à l’expliquer, a joué un rôle absolument indéniable dans la chute de plusieurs régimes et les volte-faces de l’armée ou de la police qui ont sentis le sol trembler sous leurs pieds – et le comportement de ces même « indignés » ici qui considèrent un tag ou une petite vitrine de commerce ou de banque pétée comme une « violence ».
Derrière la critique du capitalisme financier : le populisme gauchiste et l’antisémitisme.
Cette critique partielle des banques justement, non comme un rouage du système capitaliste, mais comme un « foyer de parasites » qui auraient détruit une fantasmatique « économie réelle », et qui voit les banques comme un problème central laisse la place au vieux fantasme antisémite d’un complot qui tenterait de contrôler le monde. Car en cherchant à critiquer le système des banques et le pouvoir des grandes entreprises multinationales, mais de manière partielle, le mouvement des indignés s’engouffre dans un discours typiquement réactionnaire et populiste et passe ainsi complètement à coté de la critique du capitalisme, le confortant même en jouant le rôle qu’on lui demande de jouer : celui d’une contestation strictement non-violente, vidé de toute substance critique, empêchant de par sa forme même un véritable mouvement (de type grève générale ou insurrection), et déplaçant le débat vers la droite dans le grand piège du « débat citoyen ». Rendu donc parfaitement in-offensif de par son caractère « a-politique » et « a-partisan » auto-proclamé, le mouvement des indignés participe en réalité au maintiens de l’ordre à travers un spectacle de contestation dans un front « anti-système » flou qui laisse le champs libre à des récupérations libérales, populistes et même fascistes. La dénonciation obsessionnelle du « nouvel ordre mondial » faisant finalement écho au nouveau discours d’extrême-droite sur le complot « apatride » contre « les peuples et les nations ». Et ce discours là, en plus de puer la défaite, est simplement fasciste parce que nationaliste et antisémite. Ne soyons pas dupes : là où la contestation réelle s’efface, les réactionnaires progressent.
S’INDIGNER NE SUFFIT PAS !
Ce n’est donc pas un hasard si en France, on retrouve dans les organisateurs du « mouvement des indignés » nombre d’individus conspirationnistes, reliés à des mouvements d’extrême-droite qui théorisent l’antisémitisme à travers leur pseudo-critique de la finance. Le concept même de « capitalisme financier » fut un des thèmes centraux dans la propagande du parti nazi en Allemagne et des fascismes en Europe pour construire l’ennemi intérieur et flatter le sentiment national. Le thème de la « citoyenneté » mis en avant par les indignés, renouvelle lui aussi ce constant rappel à l’ordre que constitue l’injonction à ne pas se révolter en faisant poliment démonstration de son indignation. Il repose sur ce présupposé généreux que les oppresseurs finiront par abdiquer devant la raison exprimée publiquement et pacifiquement par « le peuple ». Mais cette fable saint-simonienne exclue de fait ceux ou celles qui ne sont pas considérés, précisément, comme des citoyens : les sans-papiers, les « criminels », et quiconque agit en dehors de la légalité ou de la légitimité citoyenne. Tout les indésirables, exploités par définition. En prétendant vouloir créer une « démocratie réelle », le mouvement n’a fait que centraliser le pouvoir de décision à travers les assemblées des occupations de places et leurs émanations (comme en Espagne, les commissions dans les « accampadas »), dans l’espoir de singer les révolutions du Machrek et du Maghreb (en réutilisant, sans nécessité réelle, et de manière fétichiste les réseaux sociaux type facebook), les indignés n’ont fait que créer un état dans l’Etat, ersatz de démocratie représentative et de parlementarisme bourgeois où toute volonté de s’organiser à la base et d’agir localement ont été rendus simplement impossibles, notamment lorsqu’à Barcelone la volonté de scission dans l’occupation, pourtant majoritairement votée a été censurée par la tribune de l’assemblée, ou que tout débat sortant du cadre a été simplement saboté. Encore comme à Athènes où les indignés ont appelé à dénoncer les auteurs « d’actes violents » et à les jeter à la police : soutenant ainsi la répression d’Etat au nom de la non-violence ! En restant prisonniers d’une rhétorique a-politique creuse, de mode de prise de décisions autoritaires et bureaucratiques, d’un pacifisme abstrait et dogmatiquement non-violent, les indignés ne font que participer au maintient du statu quo, brimant toute participation de révoltés ou de révolutionnaires et ouvrant au contraire la voie à des forces réactionnaires qui n’avaient pas eu jusqu’ici voie au chapitre sur la place publique. Abandonner la perspective révolutionnaire au profit de « l’indignation en mouvement », c’est tresser la corde avec laquelle on voudrait nous pendre .
Se cantonner à cette indignation pacifiée, et focaliser sur « les banquiers » (même si ces derniers ont, comme d’autre leur responsabilité dans l’exploitation et les conditions de vie misérable de la majorité de l’humanité) c’est ne pas voir que partout dans le monde depuis le début de la « crise économique », des révoltes, des insurrections et des situations révolutionnaires éclatent partout non seulement contre les banques, mais surtout contre le capitalisme, l’Etat, les gouvernements, leurs classes dominantes et leurs flics, leurs lois, leurs tribunaux, leurs prisons, et leurs armées. C’est ne pas voir que les plans d’austérité et les « réformes de la fiscalité et du système bancaire » ne sont que les politiques des mêmes gouvernements et de la même bourgeoisie qui se prétend victime de la « crise » et en est la principale bénéficiaire, pour sauver leur économie et protéger leurs privilèges.
Il faut traduire la colère en actes ! Contre le capitalisme, contre l’Etat : VIVE LA REVOLUTION SOCIALE ! L’économie est malade ? QU’ELLE CREVE !
Quelques anarchistes
Ici le pdf du tract : http://www.fichier-pdf.fr/2011/09/17/indigness/indigness.pdf
Titre original : « L’indignation qui vient »
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PS :
Faits révélateurs :
– Le bulletin anticarcéral Résistons ensemble nous apporte dans sa dernière mouture des précisions sur les pratiques des « Indignés » parisiens : à théories réactionnaires, pratiques réactionnaires et vice-versa.
Et chez nous, en France ? Ça n’a pas plu non plus. Solidarité niveau presque zéro. Comme en 2005. Ce qui est à la mode, quand ce n’est pas les élections, c’est « l’indignation ». Le 14 juillet dernier, lors de la marche des « indignés » parisiens, la banderole portée par des jeunes des quartiers : « Quartiers populaires – crimes policiers, discrimination, chômage – ya basta ! » a vainement été priée de quitter le premier rang. Elle aurait « dénaturé » l’indignation, elle était « trop politique ». C’est quoi la politique ?
– Ce matin avait lieu à Paris une contre-manifestation pour s’opposer au commando anti-IVG de SOS-Tout-petits à l’hôpital Tenon. Un authentique sujet d’indignation, pour lequel on n’a pas vu un seul « Indigné », alors même qu’ils se réunissent à Paris tout le week-end avant de marcher vers Bruxelles. Là encore, un thème « trop politique » ?
Plus de monde ? C’est-à-dire quelques milliers de personnes tout au plus à Bruxelles pour ce qui devait être une grande marche européenne ?
Sans compter, outre tout ce qui a déjà été dit sur les infiltrations fafs et conspis (qui continuent), ça : http://www.secoursrouge.org/Belgique-Les-delateurs-sont-parmi
Et puis un mouvement aussi adulé des médias et des classes dominantes (cf. le soutien de Soros à leurs homologues américains), ça ne vous paraît pas suspect, à vous ?
Coucou les « révolutionnaires » !
Cerveau droit vs cerveau gauche…
L’un cherche toujours des explications, l’autre non.
Les indignés expriment leur indignation, tout simplement. Et c’est très bien ainsi, ça rejoint des millions et bientôt des milliards de personnes. Avec leurs explications (forcément dans une langue donnée), les érudits ne peuvent jamais rejoindre que les personnes capables de les comprendre. Jamais ils ne rejoindront autant de monde avec des concepts compliqués que pas une personne sur mille ne peut lire et pas une sur un million ne peut comprendre.
Les indignés ont rejoint plus de monde en quelques semaines que tous les révolutionnaires réunis depuis quelques décennies. Alors avant de donner des leçons, essayez donc de comprendre ce qui se passe. Dans ce cas, le message est dans le medium, pas ailleurs !
Les membres de la CNT espagnole entretiennent d’excellentes relations avec ceux de la CNT-AIT française, qu’ils considèrent, et à juste titre, comme leurs compagnons de lutte, ayant des pratiques et une conception des luttes similaires, même s’il est vrai que l’organisation de ce côté-ci des Pyrénées a connu de meilleurs jours, et qu’elle est assurément moins forte qu’en Espagne (quoique les espagnols ne soient pas épargnés par les problèmes -éternels- entre tendances, qui ont donné lieu en France à une scission cette année-même).
L’autre CNT, c’est effectivement un autre topo. Merci de le préciser, à l’avenir.
Au sujet des Espagnols, vous avez sans doute raison. Pour ce qui est de la France, nous avons pu constater dans plusieurs villes le caractère vraiment douteux de ce mouvement, qui d’ailleurs ne manque pas d’étonner certains Espagnols. A noter que dans la plupart des cas, même en France, le mouvement tenait à peu près la route à ses débuts, avant que toute cette bande n’y rapplique.
Ca y est, on se lâche… Bon, et nous on vous vire. Et puis reprocher à Ricky de ne pas se faire arrêter avec les Indignés… Comme si les Indignés valaient la peine qu’on se fasse arrêter pour eux !
Je reconnais les faiblesses du mouvement des indignés, surtout en France, mais je suis exaspéré par certaines critiques « radicales » d’un mouvement qui a su, au moins en Espagne, faire pas mal de choses, et qui continue (empêchement d’expulsons, etc…), et qui n’empêche nullement les grèves et manifestations. La plupart des « indignés » n’ont rien à voir avec les conspis.
Votre site est excellent et vient à un moment opportun, car les conspis, rouges-bruns verts et autres fafs occupent de plus en plus de terrain. Mais , par exemple : Drapeau espagnol officiel à Athènes : Ils n’n ‘avaient pas d’autre sous la main. Il y a des déformations. Il suffisait d’aller sur Rebellyon pour savoir.
Quant aux ùmarcheurs, plutot anarchisants. Il y a des mensonges et des omissions dans certaines critiques. Que les « purs » essayent de faire mieux. Jusqu’à présent, cela n’a pas marché. M. Aissani, certes, a bien fait d’envoyer une vidéo de la répression à Paris. Pas la peine de cracher sur les manifestants. Mais cela n’empêche pas de tenir copte des positions de ce monsieur.
Etienne Chouard dans le mouvement des indignés. Non! Qu’il parte, lui et tous les obsédés par les illuminati, reopen 911 etc…
Dernier point : J’ai lu en juillet un mail disant que dans ma ville, les indignés trouvaient les flics gentils. C’est faux. C’est tout le contraire, d’autant que plusieurs d’entre nous ont eu l’occasion d’avoir à fdaire avec eux. Exemple d’intox qui circulait à l’époque.
Voilà, c’est décousu, mais c’est à l’image du problème. Pas tant de critique contre les Indignés, mais non aux conspis qui infiltrent ce mouvement.
« Donne ton nom, fais quelque chose en ton nom ou ferme ta gueule »
Tiens des insultes maintenant fautes d’arguments comme toujours
Et t’étais où toi gros lâche anonyme à ce moment là?
http://www.youtube.com/watch?v=80T_03Fws-k&feature=player_embedded
En train de calomnier les mouvements contestataires derrière ton écran c’est ça?
Donne ton nom, fais quelque chose en ton nom ou ferme ta gueule
J’ai hâte de te rencontrer, toi ou tes collègues lâches
Car je t’assure, les gens comme toi, aussi planqués soient-ils, seront un jour ou l’autre face à leurs responsabilités
Reopen911 qui sont aussi de la « fête de l’humanité » on est pas plus étonnés que ça, déja qu’on y trouve aussi les nationalistes-staliniens du PRCF de Annie Lacroix Riz, les pas clair du « grand soir », des pro Chavez autoritaristes, et même TF1 et ceux d’autres médias mainstreams. Dont certains appartenant a des marchand de canons
Tu parles d’une « fête » de plus ce n’est pas ca qui fera de Reopen machin truc une orga « progressiste » bien au contraire, et les leçons de Charles Aissani vu son passé de casseurs de grève, comme cela a été signalé ici et dans plusieurs autres commentaires on s’en passe
Vous en trouverez des traces sur les Indy de ces pays respectifs, on suppose. Il n’est pas exactement dit que des gens ont été effectivement livrés à la police à Athènes, mais que des appels en ce sens ont été lancés. A Paris on a vu un peu les mêmes choses, avec des Indignés cherchant à chasser ceux qui ne leurs convenaient pas : buveurs de bière, fumeurs, jeunes des cités, etc. et à exclure du mouvement ceux prônant une résistance digne de ce nom face à la police.
Et d’accord avec Ricky sur votre capacité de nuisance, à vous et à vos potes conspis, sur ce mouvement.
et sinon je réitère ma question : « existe-t-il des sources fiables quant au fait que les votes à Barcelone ont été tronqués ou encore que les indignés grecs donnaient certains d’entre eux à la police? »
Si oui je serai intéressé de les avoir, sinon merci de le préciser..
On ne sait pas. Si c’est le cas il doit falloir chercher sur les Indymedia de ces pays.
démasqué mais de quoi tu parles?
cela devient lassant d’avoir affaire à des gens qui m’étiquettent par des amalgames et qui refusent de discuter avec moi devant témoins.
Et de toute façon tu n’es manifestement jamais allé dans ces commissions donc je ne vois même pas pourquoi tu en parle.
Je vous donne une info les mecs : les méchants fachos ont même infiltrés la fête de l’huma hier!
On est balaiz quand même!
Vous savez s’il y a des traductions en anglais ou en espagnol de cet tract? Merci.
Trop marrant comme dit dans l’autre commentaire, c’est pourtant votre présence aux coté de l’impayable Ball, et vos interviews ridicules qui en ont fait fuir plus d’un-es chez les « indignés » parisiens
« De plus associer le mouvement des indignés à l’extrême droite est difficilement compréhensible, la majorité des membres des différentes commission (à Paris tout du moins) étant au NPA ou au PG ».
Si s’était vraiment le cas on émet de sérieux doutes, quand au fait que vous ayez pu si longtemps infiltrer tranquillement ces commissions, avant d’être démasqué
Le Conspirationnisme est une religion, donc c’est insensé
http://www.youtube.com/watch?v=-RS5POnMv7M
Très bonne analyse que celle de
http://laguerredanslame.tumblr.com/
Qui ont tout à fait compris pourquoi ce mouvement, de part son apolitisme et son « citoyenisme » est si facilement récupéré ou infiltré par des réactionnaires et des conspirationiste, parmi les plus sinistres
Considérations sur les “indignés”
Il fût un temps où les soulèvements de la classe ouvrière et/ou de la jeunesse s’appuyaient sur de solides écrits révolutionnaires : le Manifeste de Marx et Engels, le petit livre rouge, quelques essais situationnistes…Les révoltes du XXème siècle ont eu au moins le mérite d’être motivées par une stratégie globale de renversement effectif de la société, renversement qui, s’il n’a pas eu lieu, n’en est pas pour autant disqualifié dans les expressions les plus virulentes du Conflit en cours, bien au contraire. Mais il en va autrement du soulèvement des « indignés », qui a récemment bénéficié d’un emballement médiatique qui a eu tôt fait d’en faire le modèle de la « révolution citoyenne » de demain. Disons-le tout de suite : le grand soir de la « démocratie réelle » respire un air bien peu révolutionnaire…
On aurait pu, en 2011, se contenter d’une insurrection façon « comité invisible », et ce malgré le gouffre tactique d’un ouvrage comme L’insurrection qui vient, mais c’est mésestimer la capacité d’une partie de la jeunesse à s’enticher de hochets citoyennistes en guise de théorie révolutionnaire. Indignez-vous n’est pas autre chose (1). Le problème étant néanmoins que le lecteur de Stéphane Hessel, ce révolutionnaire du living-room, s’est mis en tête de sortir de chez lui, et de montrer qu’il savait « s’indigner ». Il a donc attrapé sa tente Quechua, son Iphone, et s’en est allé camper au milieu des places, pour réclamer la « démocratie réelle », celle des citoyens apolitiques, pacifiques (2). Et quant les flics, à Barcelone, à Paris, sont venus pour clore la fête, histoire qu’on puisse circuler ou boire à une finale de foot remportée par l’équipe locale, il s’est assis par terre, a crié « non à la violence ! » : plus d’une centaine de blessés à Barcelone, dont un encore dans un état grave à l’heure qu’il est. Le pacifisme a une limite : ça s’appelle le masochisme. La voilà franchie avec brio par les « indignés » catalans. Au-delà de l’impasse stratégique, transparaît là une réceptivité inquiétante au discours dominant issu des médias bourgeois, notamment sur les soulèvements tunisiens et égyptiens. Car l’indigné a ses références historiques « ready-made », et ce ne sont pas ces soulèvements en tant qu’événements réels, mais figés dans leur représentation spectaculaire. Oubliés les martyrs, la torture policière, les snipers sur les toits, les exactions de l’armée, les combats à la roquette entre bédouins et flics égyptiens, les commissariats brûlés, les prisons ouvertes, les affrontements de rue ? Sans doute, et, avec eux, ce fait marquant : les révolutions arabes n’ont pas eu lieu. Elles ne sont encore que des possibles avortés, des 1905 en puissance. Car, malgré toute la violence déchaînée de part et d’autre, le système est encore debout : on torture encore dans les commissariats tunisiens, l’armée en Égypte réprime violemment les grèves, tandis qu’on prépare des « élections libres », afin sans doute de prouver, une fois de plus, que la liberté et l’égalite sont solubles dans le suffrage universel.
Mais revenons à notre « indigné ». Il croit au Souverain Bien, et il lui a donné un nom : démocratie. En son nom, et en celui de l’apolitisme, il arrache les affiches anarchistes et les drapeaux républicains de la place Puerta del Sol, foulant au pied des années de résistance anti-franquiste, il nie le droit à une parole collective (« chacun parle pour lui-même ») autre que celle issue de l’assemblée générale « consensuelle », refuse qu’on puisse défendre l’idée d’une réponse proportionnée à la violence étatique, fait huer ceux qui ont l’outrecuidance de critiquer la mise en place d’une commission « garderie » lorsque la préparation d’une commission « défense » en vue d’une intervention policière paraît répondre plus pertinemment à l’enjeu du moment. Qui peut croire qu’on peut renverser le système en se contentant d’une zone d’autonomie temporaire qui se satisfait du simple fait d’exister ? Qu’est-ce qu’une « démocratie réelle » limitée à une place, sinon de la masturbation politique pour idéalistes en mal d’un capitalisme « gentil » et d’un régime parlementaire « participatif » ? L’occupation de lieux centraux dans les villes a son importance, mais cette occupation ne peut qu’être fondée sur l’idée de contagion révolutionnaire à partir de centres stratégiques, dans le cadre plus large d’une insurrection potentiellement armée : la place Tahrir en est un exemple partiel, ce qui a sans doute justifié, aux yeux des militaires égyptiens, la nécessité de son évacuation rapide après le départ de Moubarak.
Idéologiquement, disons-le clairement, le mouvement « pour la démocratie réelle » pue. On y retrouve quelques éléments de discours populistes : il existerait ainsi un capitalisme et une forme de démocratie bourgeoise « qui marche », contre le capitalisme « mondialisé » (remplacez « mondialisé » par « apatride » si vous vous sentez des crampes au bras droit) qui justifierait alors un retour à un capital « national » ; le corps politique constitué par les « citoyens » aurait pour lui le bon sens et la raison, qu’accompagne la mesure -et donc le refus de tout grand chambardement-, ce qui ferait du « citoyen » la forme indépassable de l’exercice d’une liberté idéale garantie par le droit. Bien sur, c’est un discours « de gauche », mais est-ce pour autant un discours révolutionnaire ? L’indignation a ceci de problématique qu’elle a la vue courte. Aller à l’encontre du processus historique de la mondialisation capitaliste peut s’avérer hautement inefficace. Marx ne disait-il pas que celui-ci était la mort même du pouvoir économico-politique de la bourgeoisie ? La globalisation capitaliste peu à peu doit nous amener à penser le renversement global de la société de classes, et non pas à fantasmer en réactionnaires un retour en arrière qui n’éliminerait nullement l’exploitation, mais la déplacerait sur un plan qui, stratégiquement, n’est pas franchement plus à même de prêter le flanc à la révolution. Et si nous devons combattre le capitalisme mondialisé, c’est en tant que capitalisme, et non pas en tant qu’il est mondialisé. Lorsque les indignés font référence aux « 300 grandes fortunes » ou, plus flou encore, au « pouvoir des banquiers », ils ne font qu’énoncer des coupables au sens où l’entendrait un tribunal bourgeois, sur la base de responsabilités individuelles indépendantes de tout élément systémique, et rejoignent en cela les gouvernements occidentaux (les fameux « abus » chassés par le gouvernement Sarkozy). S’il y a culpabilité, elle est à chercher du côté de la classe bourgeoisie toute entière, de ses expressions, de ses institutions. La seule posture qui vaille n’est pas l’indignation, mais la prise de parti dans la lutte de classes, pour le parti (3) communiste, le seul qui soit celui de la révolution.
Une évolution positive du mouvement est néanmoins envisageable, mais celle-ci ne pourra avoir lieu qu’à deux conditions : révision de la stratégie pacifiste et ouverture d’un « deuxième front » sous la forme de grèves multiples, voire d’une grève générale. Ces deux conditions paraissent seules pouvoir entraîner une radicalisation progressive, théorique et pratique, d’un « mouvement » dont la dissolution sera alors envisageable. Mais, pour l’instant, que ce soit en Espagne, en Grèce ou en France, il n’est pas souhaitable que se poursuive un mouvement qui, en quelques occasions, se fait glaçant (hymne et drapeau national sur la place Syntagma à Athènes, drapeaux de l’Espagne monarchiste dans les rassemblements de solidarité, présence des conspirationnistes de Zeitgeist à Bastille…). Contre l’indignation des idiots utiles de la démocratie bourgeoise, affirmons ainsi avec force la nécessité d’une insurrection politique, apatride et radicale, seule à même de permettre l’élaboration de la forme nouvelle nécessaire au monde de demain. Le système ne se réforme pas, il se détruit !
1.
Bien sur, c’est également un produit commercial attractif : pensez donc, un « essai » écrit par un résistant, vendu au prix hyper-compétitif de 3€, dans vos grandes surfaces avant Noël ! A défaut de piller sauvagement le supermarché du coin, vous pourrez toujours courir comme un dératé vers son rayon « culturel », et, pour une fois, faire l’impasse sur la dernière bio de PPDA ou sur le DVD pas-cher-du-tout du best-of de la coupe du monde 98, pour ressentir le grand frisson révolutionnaire, bien au chaud, lové au fond du canapé avec, ô comble du gauchisme, « Foule sentimentale » d’Alain Souchon en fond sonore.
2.
Il a alors créé des tas de commissions, fait du théâtre de rue, des slogans « poétiques », des spectacles de clown, un potager bio, des toilettes sèches, une garderie, et même un live sur webcam pour suivre ce qui ne se passe pas sur la place (véridique !).
3.
Toujours au sens de parti-pris, la forme légale du parti politique participant des « moyens aliénés » qui ne sauraient être destinés à combattre l’aliénation.
La commission “masques à gaz & feux d’artifice” de Keratea (Grèce) emmerde la “démocratie réelle”…Et elle a bien raison !
via laguerredanslame 31/05/2011
« la majorité des membres des différentes commission (à Paris tout du moins) étant au NPA ou au PG. »
N’importe quoi ! Ca fait longtemps qu’il n’y a plus de membres du PG (sauf peut-être le très décrédibilisé même dans son orga Benjamin Ball), du NPA ni même d’organisations anarchistes chez les indignés parisiens. Leur apolitisme et leur légalisme les a dégoûtés. Et si vraiment de tels militants étaient présents sur place, ce mouvement aurait une autre gueule !
Y a plus que chez les Espagnols qu’on trouve encore des gens un tant soit peu politisés, notamment des membres de la CNT… Et ils ne sont pas vraiment dupes de leurs pales équivalents français !
Je suis d’accord dans le principe de traduire la colère en acte et que le mouvement des indignés est trop lisse à cet égard.
Néanmoins je ne vois aucune forme de proposition dans ce texte, si ce n’est des banalités.
De plus associer le mouvement des indignés à l’extrême droite est difficilement compréhensible, la majorité des membres des différentes commission (à Paris tout du moins) étant au NPA ou au PG.
D’autre par existe-t-il des sources fiables quant au fait que les votes à Barcelone ont été tronqués ou encore que les indignés grecs donnaient certains d’entre eux à la police?
Merci pour votre réponse