Les idéologues de la contre-révolution s’invitent à l’AGECA, et on devrait laisser faire ça ?

Nous relayons ci-dessous un appel publié hier sur Indymedia Paris contre la tenue d’une réunion confusionniste dans une salle militante parisienne, où doivent intervenir conjointement Saint Jean et Saint Michel, à l’invitation d’associations pro-Bachar Al-Assad.

Cet événement confirme s’il en était besoin que les réseaux rouges-bruns n’ont pas fini de s’étendre et de se structurer, et dépassent aujourd’hui largement les franges marginales auxquelles ils restaient cantonnés il y a encore quelques années, tant au sein de l’extrême droite que de l’extrême gauche.

Ce samedi 31 mars à 19h se tiendra à l’AGECA une conférence intitulée « La Syrie : Comprendre pour dialoguer : Révoltes, Réformes, Violence et Géostratégie » ayant notamment pour intervenants Michel Collon et Jean Bricmont.

Organisée par des pro-Bachar Al Assad soutenus par la ribambelle de négationnistes habituels à la tête desquels on trouve Ginette Skandrani, cette conférence est relayée entre autres sur le site de cette dernière « La Voix de la Syrie », sur le site « antisioniste » de l’ISM France et, depuis aujourd’hui, sur celui d’Egalité et Réconcilitation [1]. Bellaciao l’avait aussi un temps mise à l’affiche avant de la retirer.

Les mêmes s’étaient déjà introduits il y a deux semaines à l’AGECA [2] puis à la Bourse du Travail [3] en compagnie de Julien Teil, animateur du site d’extrême droite Mecanopolis et proche du conspirationniste Thierry Meyssan.

Un coup d’oeil au pedigree des organisateurs ne laisse aucun doute quant à leur orientation politique :

Le « collectif pour la Syrie », qui se présente comme une association à visée humaniste œuvrant à « encourager un dialogue serein entre les diverses composantes de la Syrie » est en réalité un faux-nez bachariste [4]. Parmi ses membres, on note le prêtre catholique Michel Lelong, qui s’est illustré en témoignant en faveur de Maurice Papon lors de son procès. Ce proche de Roger Garaudy intervient régulièrement sur Radio Courtoisie et prône un rapprochement entre l’Eglise et les intégristes lefebvristes. Il a collaboré à la revue soralienne Flash et a défendu Al-Manar, la télévision du Hezbollah, interdite d’émission en France pour antisémitisme [5]. C’est sans surprise qu’on le retrouve également à « dialoguer » avec l’officine iranienne qu’est le Centre Zahra, dont le président, Yahia Gouasmi, a fondé le Parti antisioniste avec le soutien d’Alain Soral et de Dieudonné.

L’association Afamia est un autre faux-nez bachariste basé à Vanves qui sous couvert d’échanges « culturels » organise des voyages d’affaires en Syrie. Sa présidente, Ayssar Midani, doit aussi intervenir à la tribune.

« L’appel franco-arabe » est un rassemblement rouge-brun « contre l’ingérence » (comprendre, dans leur novlangue, « pour Kadhafi et Al Assad ») au sein duquel on note la présence de Bruno Drweski, un proche du négationniste Claude Karnoouh [6].

L’association France-Proche Orient n’a apparemment aucune consistance. Une association porte le même nom en Corrèze, mais est apparemment inactive depuis plusieurs années. Rien ne peut nous conduire à penser qu’il s’agisse de la même organisation. Là encore, il s’agit donc d’une association fantoche.

Les invités, quant à eux, sont des sortes de stars dans leur domaine, celui du confusionnisme politique :

Jean Bricmont et Michel Collon sont deux intellectuels belges malheureusement encore trop souvent étiquetés à gauche malgré leurs compromissions nombreuses avec l’extrême droite antisémite. Le premier, qui est un des principaux porte-paroles francophones de Noam Chomsky, s’est fait spécialité de lutter pour la défense de la liberté d’expression des négationnistes et, au nom de la lutte contre le droit d’ingérence, s’est retrouvé sur de nombreuses manifestations pro-Kadhafi et pro-Al Assad aux côtés de Ginette Skandrani et de membres du Gud et du Parti antisioniste. Ami de l’antisémite Paul-Eric Blanrue, il a salué la sortie de son film à la gloire de Robert Faurisson. Tout récemment, il a préfacé le livre antisémite et négationniste du « Juif qui se hait lui-même » Gilad Atzmon paru aux éditions Demi-Lune (une maison d’édition conspirationniste) sous le titre La parabole d’Esther et traduit par le négationniste Marcel Charbonnier [7]. Le second, Michel Collon, se prétend journaliste et est un marxiste stalinien qui ne s’est visiblement pas remis de la fin de la Guerre froide. Grand ami de Jean Bricmont, il a appelé en septembre dernier à manifester pour la défense du régime kadhafiste aux côtés de Ginette Skandrani. Pour cette raison, il s’est vu interdire de conférence à la Bourse du Travail en novembre dernier [8].

Bahar Kimyongür est un militant belge d’origine turque qui a fait l’objet d’une série de procès en vertu de la loi antiterroriste belge pour avoir traduit des textes du parti communiste révolutionnaire turc DHKP-C, considéré par la Turquie comme « terroriste ». Il fait à ce titre l’objet d’une demande d’extradition de ce pays [9]. Le fait qu’il participe à une conférence ayant pour but de soutenir la politique de Bachar Al Assad est donc particulièrement incompréhensible de la part d’un militant qui est censé savoir ce que le mot « répression » veut dire.

Il est intolérable qu’une telle réunion puisse avoir lieu à l’AGECA, salle où se tiennent de nombreuses réunions militantes, sans que personne n’y trouve rien à redire. Nous vous invitons à protester auprès de l’AGECA en vue de la faire annuler, au 01 43 70 35 67.

Les lieux susceptibles d’accueillir des meetings d’extrême droite ne manquent malheureusement pas à Paris. Que nos confus y aillent donc, et qu’ils arrêtent de venir nous faire chier chez nous !

Pas de fachos dans nos quartiers, pas de quartier pour les fachos !

Des antifascistes.


[1] Voir ici : lavoixdelasyrie.com/data/ ?p=1516 là : ism-france.org/communiques/Prochains-stands-du-Philistin-article-16781 ou là : egaliteetreconciliation.fr/Conference-Debat-La-Syrie-Revoltes-Reformes-Violences-Geostrategie-11104.html

[2] Appel relayé notamment sur Egalité et Réconciliation : egaliteetreconciliation.fr/Conference-Geopolitique-et-Ingerence-au-Moyen-Orient-cas-de-la-Syrie-10808.html

[3] On trouve un compte-rendu de cette réunion, organisée par une association fantoche de travailleurs africains, la Fetaf, sur Independenza webTV : independenza-webtv.com/2012/03/18/conference-de-presse-du-collectif-pas-en-notre-nom/ On trouve l’annonce de cette conférence toujours sur le site de l’ISM : ism-france.org/analyses/Invitation-a-la-Conference-de-Presse-du-Collectif-Pas-en-Notre-Nom-samedi-17-mars-de-10h-a-12h-Bourse-du-Travail-a-Paris-suivie-d-une-conference-de-la-FETAF-Ingerences-etrangeres-et-guerres-d-occupation—article-16741

[4] Voir son site web 1.0 : collectifpourlasyrie.monsite-orange.fr/

[5] Voir sa fiche Wikipedia : http://fr.wikipedia.org/wiki/Michel…

[6] Il est à ce titre cité dans le livre La galaxie Dieudonné paru il y a quelques mois aux éditions Syllepse

[7] Le dossier Bricmont est épais. On ne citera que ses derniers faits d’armes, rapportés par le site Conspis hors de nos vi[ll]es : http://conspishorsdenosvies.noblogs… http://conspishorsdenosvies.noblogs…

[8] Grâce à l’action du collectif antifasciste Missak et Mélinée : http://missaketmelinee.wordpress.com

[9] Voir sa fiche wikipedia : http://fr.wikipedia.org/wiki/Bahar_…

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Et en bonus, quelques compléments d’information trouvés dans les commentaires d’Indymedia :

« Le mail de l’AGECA : ageca@ageca.org. Excellente initiative, il y en a marre de toute cette bande qui rentre par la fenêtre quand on la chasse par la porte ! »

« A noter que Gilad Atzmon a été désavoué par des activistes Palestiniens et Américains antisionistes eux-mêmes : http://uspcn.org/2012/03/13/grantin… Par ailleurs, son livre a aussi été édité, sous un autre titre, par Kontre-Kulture, la maison d’édition d’Alain Soral. Après tout ça, Bricmont osera-t-il encore crier au « coupable par association » ? »

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Merci !

Nous tenons à remercier tou-te-s celles et ceux qui ont tenu à nous apporter leur soutien dans l’affaire récente qui nous a opposés au Grand Soir, en particulier l’Initiative communiste ouvrière, le blog anti-dictateurs Contresubversion et Fafwatch, ainsi que tou-te-s celles et ceux qui ont tenu à nous exprimer en privé leur soutien et leur indignation face aux méthodes du Grand Soir.

Ces textes de soutien peuvent être consultés sur les différents blogs concernés :

http://www.communisme-ouvrier.info/?Soutien-au-blog-Conspis-hors-de

http://contresubversion.wordpress.com/2012/03/16/conspihorsdenosvilles-a-migre-vers-noblogs

http://fafwatch.noblogs.org/post/2012/03/15/soutien-conspis-hors-de-nos-villes/

Nous invitons celles et ceux que nous aurions oubliés à se faire connaître.

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Affaire Michel Collon : Mise au point de l’UPAC et droit de réponse à propos du Front Syndical de Classe (FSC)

Nous relayons ici un communiqué de camarades antifascistes creusois, qui reviennent sur l’affaire Michel Collon et condamnent l’attitude traitre du Front syndical de classe (FSC) à l’occasion de l’action en novembre dernier du Collectif Missak et Mélinée visant à interdire la Bourse du Travail de Paris à Saint Michel.

Mise au point de l’UPAC et droit de réponse à propos du Front Syndical de Classe (FSC).

Certains d’entre vous ont surement remarqué que parmis les liens militants de notre blog n’apparaissait plus le collectif syndical « Front Syndical de Classe ».

L’UPAC, réunie le 1er décembre, a évoqué l’épisode de l’écrit du FSC et plus précisément le pamphlet d’Annie Lacroix-Riz sur l’action du collectif antifasciste « Missak et Mélinée » pour empêcher le « meeting » du confusionniste Michel Collon à la bourse du travail à Paris.

L’UPAC se sentait d’autant plus visée et trahie par l’ anti-antifascisme du FSC qu’elle comporte dans ses rangs un militant du FSC et un ancien militant du FSC.

Le Front syndical de Classe a confirmé sa position et adoubé son membre éminent et émérite de son conseil d’administration Annie Lacroix-Riz dans la position primaire d’un anti-impérialisme  qui fait de l’OTAN, les USA et Israël les seuls ennemis des peuples. Tant pis si cela passe par la défense in fine des dictateurs comme Kadhafi. Mais cela coule de source quand on sait que cette dame excuse les actions morbides de Staline à son époque envers les peuples sous sa coupe. Cette professeure « émérite » , on peut la retrouver sur des sites aux relents anti-sioniste/antisémite assez puants cf : Blog « les-attentats-du-11-septembre-vu-par-une-conspirationniste.com » où cette professeure étale sa théorie du complot. Voici d’ailleurs un exemple de visuel trouvé sur ce site :

Cette image fait référence aux 6 millions de juifs morts dans les camps nazis (chiffre du procès de Nuremberg) en faisant croire que ce chiffre est faux car monté de toute pièces par ces « menteurs » de juifs (terme trouvé sur le site). Bref, du bon vieux négationnisme.

Et cette dame vient faire la leçon aux antifas !!

 

Mais tout ça aurait pu ne pas éclabousser tant le FSC si d’autres membres de ce collectif n’avaient eux aussi des accointances certaines avec des sites assez nauséabonds.

Pour exemple, Roger Silvain, président d’honneur du FSC, ancien responsable syndicale CGT de Renault Boulogne Billancourt lors du mouvement de mai 68. L’un de ses écrits se retrouve sur le site « Le Grand Soir », site qui, lorsque l’on regarde les liens, a pour lien le blog de….Michel Collon. Et si l’on va sur le site de Collon on y découvre un article en date du 17 novembre 2011 intitulé « purification idéologique » qui ressemble à s’y méprendre à l’anti-antifascisme exprimé quelques jours plus tard, le 21, par Mme Lacroix-Riz et dont le titre « purification idéologique » est repris dans son sens par le FSC dans sa déclaration de soutien du 1er décembre dernier au texte de cette Mme Lacroix-Riz avec le titre « guerre idéologique ».

La boucle est bouclée !

M.Collon, Mme Lacroix-Riz et le FSC seraient-ils devenus leur propre « médiamensonge » ?

Alors que les cadres du FSC ne fassent pas la leçon aux collectifs antifascistes car le FSC n’a qu’une culture de l’antifascisme que portée par le communisme Stalinien, c’est à dire un antifascisme, en lui-même tout à fait légitime, mais qui ne combat que des régimes politiques en référence au nazisme et en opposition unique aux USA. Ne voyant pas que le stalinisme était devenu malheureusement lui-même une sorte de mascarade communiste, avec en gros une forte altération du régime  communiste voulut en 1917 et avec à bien des égards une forme de fascisme. Et que le FSC ne compare pas l’UPAC à un collectif adepte de Mr Courtois qui dit que « le communisme est le fascisme » car c’est justement parce que nous considérons les exactions de Staline à l’encontre de son peuple comme la non-application du communisme que nous lui attribuons le qualificatif de fascisme.

Le fascisme c’est  toute forme d’exploitation des peuples par l’oppression faite par une classe dominante sur une classe dominée et qui cultive la division sociale, la division raciale et la division sexuelle. Ce qui nécessite pour tout antifasciste la tryptique suivante : anti-capitalisme, anti-racisme et anti-sexisme . Alors quand bien même le régime de Staline se déclarait communiste, la première partie de la définition est tout de même bien remplie. Allons interroger certains ukrainiens ou certains polonais, nous ne sommes pas convaincus qu’ils exonèreront comme Mme Lacroix-Riz le « grand Staline ».

Et que le FSC ne parle pas de lutte des classes, parce que la lutte des classes impose de choisir un camp et ne supporte aucune ambigüité  donc aucune confusion. La lutte des classes c’est toujours prendre le parti des peuples et plus précisément du prolétariat et ne fonder le combat social que sur ce pilier idéologique. Et dans le cas de M.Collon qui feint de ne pas reconnaitre une certaine empathie pour Khadafi mais qui l’excuse bien volontiers parce qu’il s’est hissé contre les USA – tout comme Mme Lacroix-riz envers Staline-, on se demande alors où se situe la lutte des classes quand on oublie si vite et promptement ce qu’a subi le peuple libyen par ce dictateur.

Par ailleurs et pour être clair, l’UPAC, a contrario, ne dédouane nullement l’impérialisme étasunien, le néo-colonialisme européen ou l’ultra nationalisme israélien. Puisque l’UPAC défends les seuls intérêts du peuple américain, des peuples européens et  du peuple israélien, elle condamne donc l’attitude impérialiste des tenants du pouvoir politique et économique de ces pays ou conglomérat d’états.

Par conséquent, l’UPAC regrette la position des dirigeants du FSC qui met surement à mal le positionnement de certains de leurs adhérents qui ne partagent sans doute pas cette option politique.

D’ailleurs, le militant UPAC qui est adhérent au FSC a fait le choix clair de s’en retirer.

Si le front unique de lutte doit passer par une recomposition de la masse militante, de courants ou de tendances et par là-même par la condamnation ferme de troubleurs de consciences, l’UPAC se tient prête à engager ce processus avec les antifascistes convaincus, sans confusion.

 

Et ça, mesdames et messieurs du conseil d’administration du FSC, ce n’est pas être tenant d’une certaine forme de fascisme dont vous vous amuser à nous accuser dans vos diverses déclarations parce que cela vous arrange et vous donne bonne conscience mais, mesdames et messieurs les élites du FSC, c’est de la probité intellectuelle, tout simplement.

 

A bon entendeur…..

 

L’UPAC.

 

NB: Précisions, les militants de l’UPAC regroupe des syndicalistes CGT et communistes ainsi que des militants affranchis de tout parti ou organisation syndicale mais qui se retrouvent dans le combat antifasciste proposé par l’UPAC.

Source:

http://upac.over-blog.com/article-mise-au-point-de-l-upac-et-droit-de-reponse-a-propos-du-front-syndical-de-classe-fsc-91087109.html

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Les censeurs identifiés

Mise à jour, 16 mars 2012 dans la matinée :

Les commentaires et propos (faute d’orthographe incluse) auxquels vous avez échappés du même monsieur Sierra, d’habitude beaucoup si poli, jamais sexiste ni homophobe sur Le Grand Soir :

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Conspis hors de nos vi[ll]es censuré par WordPress !

On s’y attendait, c’est donc officiel : WordPress a mis notre blog hors ligne suite à notre refus de retirer notre article « Oui, Viktor Dedaj du Grand Soir est un antisémite » pour cause de violation présumée du droit d’auteur. Pour remettre le blog en ligne, on nous demande de révéler notre identité et de fournir une attestation d’une juridiction quelconque nous autorisant à poursuivre nos activités. Il n’est bien entendu pas dans nos intentions de donner suite à une telle requête, qui nous mettrait en danger. Adieu donc, WordPress !

 

Nous ne pouvons que constater, comme Fafwatch avant nous, l’extrême légèreté avec laquelle WordPress retire des sites antifascistes sur de simples présomptions et sans enquête réelle (notre interlocuteur anglophone n’ayant certainement pas pris la peine de lire nos écrits pour vérifier les dires de nos calomniateurs), tout en continuant d’autoriser quotidiennement la publication de billets par des sites fascistes, confusionnistes ou conspirationnistes.

 

Quoiqu’il en soit, et quoi qu’en pensent, disent ou fassent nos censeurs, le contenu de Conspis hors de nos vi[ll]es reste et restera en ligne grâce à Noblogs, qui a le mérite d’être une plateforme militante, antifasciste et beaucoup plus sécurisée que WordPress. Nous comptons sur vous, chers lecteurs et chères lectrices, pour faire la promotion nécessaire à ce nouveau site et pour continuer à alimenter ses forums de vos remarques, critiques et analyses.

 

Merci à tou-te-s de votre soutien et merci à Noblogs pour son accueil !

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PS : Merci aussi aux sites qui nous référencent de bien vouloir indiquer le nouveau lien vers notre blog.

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Tentative de censure de Conspis hors de nos vi[ll]es : bien essayé les gars, mais c’est raté !

Tard hier soir, nous avons reçu de WordPress une notification pour atteinte au droit d’auteur concernant l’ensemble de notre article « Oui, Viktor Dedaj du Grand Soir est un antisémite ». Bien que nous ayons répondu que cet article était un original écrit par nos soins et que nous pensions, compte tenu de notre sujet d’enquête, à une tentative émanant de Dedaj et de ses amis d’extrême droite et rouges-bruns pour faire censurer nos écrits, l’article a été mis hors ligne quelques temps avec menace de fermer notre blog si nous le rétablissions sans répondre positivement à la « DMCA notice ». Ayant refusé de nous soumettre à cette requête, nous sommes donc toujours sous le coup de cette menace.

Craignant donc une censure définitive, non seulement nous avons en urgence mis en ligne l’article incriminé sur Indymedia Paris afin de continuer à lui garantir un accès large au public, mais nous avons également sauvegardé l’ensemble du site et effectué dans la nuit une migration vers la plateforme de blogs militante et antifasciste Noblogs, qui abrite désormais un miroir complet de Conspis hors de nos vi[ll]es : http://conspishorsdenosvies.noblogs.org Au cas où notre blog WordPress serait définitivement fermé, c’est là que vous nous retrouveriez.

Une telle mésaventure était déjà arrivée à Fafwatch il y a quelques mois. Le blog antifasciste avait été mis hors ligne par WordPress, sous pression des catholiques intégristes, et contraint de migrer sur Noblogs, mais en perdant tout son contenu déjà mis en ligne.

Nous nous étonnons de l’usage de méthodes aussi mesquines de la part de gens qui se disent partisans de la « liberté d’expression » et attendons avec impatiences les cris de crécelle indignée de Saint Jean de Louvain, qui, nous n’en doutons pas, ne manquera pas de s’élever contre cette scandaleuse tentative pour atteindre à notre liberté d’expression.

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L’original de notre blog : http://conspishorsdenosvies.wordpress.com

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Oui, Viktor Dedaj du Grand Soir est un antisémite !

Une réunion publique avec Viktor Dedaj, animateur du site Legrandsoir.info (LGS), a à juste titre été annulée à Paris il y a un peu plus d’une semaine en raison de la ligne éditoriale de son site, plus que complaisante avec l’extrême droite antisémite. A cette occasion, un commentateur d’Indymedia Bordeaux a posté en soutien à Dedaj un texte datant de juillet 2006 (repris sur LGS le 4 janvier 2009) dont ce dernier est l’auteur  et intitulé « Les champs de Gaza n’ont jamais existé »1. Nous remercions ce commentateur, qui nous donne ainsi bien involontairement l’occasion de constater que le cas du Grand Soir est encore plus grave que nous – et d’autres – ne le pensions : non content de publier des textes de militants fascistes et négationnistes, il a à sa tête l’auteur d’un texte authentiquement antisémite2 . L’analyse de son texte est aussi une occasion de revenir sur les problèmes posés aujourd’hui par les notions galvaudées de « sionisme » et d’ « antisionisme », les enjeux sémantiques autour de ces deux termes rejoignant les enjeux politiques.

Déjà, le titre : « Les champs de Gaza n’ont jamais existé », référence claire, jusque dans la sonorité des mots, à l’affirmation des négationnistes : « Les chambres à gaz n’ont jamais existé », et qui prend son sens dans la conclusion du texte, qui compare les « sionistes » (avec toute l’ambiguïté que revêt ce terme chez Viktor Dedaj, comme nous le verrons, et c’est bien là le problème) aux nazis et aux négationnistes :

« Sionistes : […] Que raconterez-vous d’un air faussement naïf aux générations futures ? Que vous ne faisiez qu’obéir aux ordres ? Ou bien prononcerez-vous au contraire ces paroles fatidiques : « les champs de Gaza n’ont jamais existé » ? »

Cette comparaison de mauvais goût – qui ne peut être mise sur le compte de la seule satire  puisqu’elle  vient en conclusion de tout un texte aux relents nauséabonds – se situe dans la tradition de l’antisémitisme et du négationnisme adoptés par certaines franges de l’extrême gauche au nom de l’antisionisme, qui a rejoint sur ce thème la pire des extrêmes droites, par exemple au sein de La Vieille Taupe à la fin des années 1970 et au début des années 1980. Un phénomène expliqué par l’historien Georges Bensoussan dans un texte datant de 19993 :

« Ce discours s’appuie sur un fait incontournable : la Shoah n’est évidemment pas à l’origine de la création de l’État d’Israël, mais elle lui a apporté un regain de légitimité morale. Le discours négationniste antisémite a rapidement compris que, pour délégitimer l’État juif, il fallait contester la portée, voire carrément nier la Shoah. C’est alors que convergent, venus d’horizons idéologiquement différents, sinon même totalement opposés, deux discours : en premier lieu, un discours antisémite et négationniste centré sur le vieux thème du « complot juif mondial » et qui va découvrir la portée de l’antisionisme. En second lieu, un discours antisioniste et antiraciste, centré sur le « complot sioniste mondial » et qui va découvrir, lui, le négationnisme voire, dans certains cas, l’antijudaïsme. On assiste, autrement dit, à un chassé croisé : le point d’arrivée des uns est le point de départ des autres, mais, dans les deux cas de figure, le « Juif Sioniste » finit par incarner la figure absolue du mal… »

Le texte de Dedaj relève bien de cette tradition antisioniste de gauche qui se laisse contaminer par l’antisémitisme, même si, comme nous le verrons, il n’a pas encore pleinement dérivé vers un négationnisme franc et assumé, ce qui lui permet de qualifier encore – pour combien de temps ? – le négationnisme de « paroles fatidiques », quand bien même c’est à travers une métaphore des plus douteuses.

 

Lors de la dernière Fête de L’Humanité, Viktor Dedaj et Maxime Vivas font risette un peu coincée à leurs fans venus se faire dédicacer leur ouvrage 200 citations pour comprendre le monde, préfacé par Jean-Luc Mélenchon, sur le stand de Cuba Si France. Sur le même stand, à quelques mètres d’intervalle, la rédaction au grand complet de Charlie Hebdo, un journal que nos deux rebelles ne portent pas dans leur coeur mais que leurs petits camarades de Cuba Si appellent « nos amis ».

La confusion Juifs/sionistes

Premier élément de discours antisémite récurrent dans son texte : sous l’appellation générique « sioniste », Dedaj qualifie aussi bien les crimes de guerre israéliens et la politique israélienne à l’égard du peuple palestinien (critiques légitimes) et les Juifs dans leur ensemble, par des références à la culture ou à la religion juive qui n’ont pas grand-chose à voir avec une critique du sionisme en tant que philosophie ou projet politique ou avec une critique de l’Etat d’Israël, ses deux sens légitimes. Cette confusion sionistes/Juifs, et singulièrement sionisme/judaïsme est typique des discours antisémites qui se cachent derrière l’antisionisme, ce que nous appellerons les antisionistes antisémites.

 Or, rappelons un truisme : tous les Juifs ne sont pas sionistes et tous les partisans du sionisme ne sont pas Juifs (le sionisme étant compris ici dans l’un ou l’autre de ses deux sens légitimes), de même que tous les Juifs ne sont pas religieux ou que même parmi les Juifs sionistes, tous ne donnent pas des justifications religieuses à leur argumentaire politique ou philosophique. C’est une évidence que Dedaj, homme cultivé se prétendant spécialiste de la question, devrait connaître. On constate pourtant très vite plusieurs exemples de confusion dans son texte entre Juifs et « sionistes » :

« Sionistes : ça fait longtemps que vous me gonflez avec votre histoire de « terre promise ». Que de contorsions sémantiques pour qualifier un vol en bonne et due forme.

Sionistes : ça fait longtemps que vous me gonflez avec votre histoire de « peuple élu ». Que de beaux oripeaux pour camoufler votre racisme.

[…]

Sionistes : la religion dont vous vous revendiquez est aussi débile qu’une autre. »

Or, c’est un truisme là aussi : la justification religieuse, si elle a pu être utilisée par certains tenants du sionisme et a pu servir à la construction du mythe national juif puis israélien, est arrivée souvent après coup et n’a constitué qu’un courant du sionisme, qui à l’origine est un mouvement tout à fait laïc, allant de l’extrême droite (dont une minorité s’est laissée allée en 1933 à vouloir passer des accords avec les nazis concernant l’émigration des Juifs allemands en Palestine) à la gauche socialiste (au sens fort du terme, ce courant ayant même envisagé avant 1948 la création d’un Etat bi-national judéo-arabe) et même à l’anarchisme en passant par la droite libérale et conservatrice (Theodor Herzl, Edmond de Rothschild). Les justifications originelles données au sionisme en tant que nationalisme juif (un nationalisme ni meilleur ni pire que les autres, et qui s’est globalement construit au cours de la même période historique que bien des nationalismes européens, à savoir dans la deuxième moitié du XIXe siècle, suivant des logiques semblables) avaient en réalité assez peu à voir avec la religion, mais beaucoup avec une volonté de fuir les persécutions que subissaient les populations juives d’alors, notamment dans l’Est de l’Europe, donc en réaction à l’antisémitisme. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si dès les débuts du mouvement, la thématique antisioniste a été récupérée par l’extrême droite antisémite. Précisons enfin qu’aujourd’hui encore, tous ceux qui défendent l’Etat d’Israël ne le font pas forcément au nom de mythes religieux.

D’autre part, cette association entre judaïsme et sionisme ne tient pas la route puisqu’il existe des interprétations antisionistes de la religion juive, notamment chez certains courants ultraorthodoxes comme les Neturei Karta, dont certains ont été jusqu’à s’allier aux antisémites dudit « Parti antisioniste » (ce que devrait savoir Dedaj, puisque LGS a publié le communiqué de fondation de ce parti antisémite). En réalité, cette association que fait Dedaj de deux choses qui n’ont rien ou fort peu à voir ensemble (le sionisme et la religion juive) sous le seul dénominatif « sioniste » – utilisé qui plus est comme un sobriquet insultant – relève effectivement d’un discours essentialisant et donc raciste et, en l’espèce, antisémite.

Dedaj a beau jeu dès lors de ne pas employer le mot « juif » parce qu’il ne serait « pas raciste » :

« Sionistes : vous crevez d’envie de me voir prononcer le mot « juif » et vous donner ainsi l’occasion de grimper aux rideaux. Peine perdu car, contrairement à vous, je ne suis pas raciste. »

C’est là une manière de se dédouaner à bien peu de frais, et même mieux : l’affirmation de son non-antisémitisme par ce qu’il n’emploie pas le mot « juif » est une affirmation totalement gratuite et même un non-sens, le contenu de son texte démontrant le contraire. Affirmant ne pas vouloir pononcer le mot tabou, il le prononce quand même, confirmant par ce simple effet rhétorique la confusion qui règne dans son esprit – et qu’il ne voudrait voir que chez ses adversaires – entre « Juifs » et « sionistes ». D’ailleurs, chassez le naturel, il revient au galop : comme beaucoup d’antisémites, Dedaj ne peut s’empêcher à la fin de son texte de réécrire le mot fatidique, en faisant référence ses « amis juifs » (c’est marrant comme les antisémites adorent mettre en avant leurs « amis juifs » en toutes occasions) ou plus précisément à des « camarades juifs ou pas, élus ou pas » censés rejoindre son combat, ou plutôt la vision qui est la sienne du combat contre le colonialisme israélien.

Un négationnisme latent

S’agissant du négationnisme, si Dedaj se garde bien de dire que « les chambres à gaz n’ont jamais existé », il file en revanche la métaphore comparant la situation en Palestine et à Gaza à celle des camps d’extermination nazis, ce qui a pour conséquence de relativiser le crime nazi (relativisation nécessaire, du point de vue des antisionistes antisémites, pour discréditer l’Etat d’Israël). Toujours s’adressant aux « sionistes », il écrit :

« Vous prenez prétexte du « terrorisme » pour mener tranquillement votre entreprise d’extermination. »

« Vous les avez enfermés dans de gigantesques ghettos. Vous avez crée des camps d’extermination de basse intensité qui n’osent dire leur nom. »

Or, si la situation en Palestine est dramatique, s’il est indéniable qu’Israël y a commis et continue d’y commettre de nombreux crimes, si Israël a bien mis en place une politique de ségrégation sévère entre Palestiniens et Israéliens et si Israël colonise bien les territoires des Palestiniens, on ne saurait cependant comparer cette situation à la politique d’extermination mise en place par les nazis contre les Juifs, les Tziganes, les homosexuels et quelques autres groupes humains qualifiés d’« inférieurs ». C’est une politique coloniale brutale (comme toutes les politiques coloniales), et certains points de comparaison peuvent sans doute être établis avec le régime d’Apartheid en Afrique du Sud, mais aussi avec d’autres systèmes coloniaux, tels ceux mis en place par la France ou le Royaume-Uni en Afrique. Cependant, il n’y a aucun camp d’extermination en Palestine, au sens strict qu’a ce terme : un camp conçu pour éliminer de façon systématique et même industrielle des populations entières. L’écrire, c’est nier la spécificité historique des camps d’extermination nazis. Et cette comparaison est un classique de la rhétorique des antisionistes antisémites.

De plus, le sort fait aux Palestiniens n’est pas justifié au niveau de l’Etat israélien par des raisons raciales (sinon le soutien à Israël deviendrait impossible) mais essentiellement par des raisons de « sécurité ». Si le résultat est quand même que les Palestiniens font bien l’objet de discriminations, que des lois ou règlements qu’on peut qualifier de racistes ont cours en Israël (comme il y en a dans tous les pays, en France aussi, et dans les deux cas, orchestrées notamment par les néo-conservateurs au pouvoir ces dernières années) ; s’il existe comme partout ailleurs des discours racistes tant parmi les dirigeants israéliens que dans certaines franges de la société de ce pays (racisme qui ne touche pas seulement les Palestiniens mais aussi les Israéliens non juifs – en particulier arabes – ou même les Falashas, c’est-à-dire Israéliens d’origine juive éthiopienne ou encore, dans une moindre mesure, les Israéliens d’origine séfarade), le racisme n’est cependant pas érigé en principe de gouvernement en Israël comme il l’était en Allemagne nazie. Il n’existe ni lois de Nuremberg, ni Mein Kampf en Israël. Même si cela ne justifie en rien les souffrances du peuple palestinien (Israël en est peut-être même d’autant plus coupable qu’il se veut une démocratie), cela fait quand même une énorme différence de nature avec le régime nazi, et vouloir mettre sur le même plan les deux politiques, y compris dans leurs motivations, revient là aussi à nier la spécificité historique du nazisme et du racisme nazi, à la base duquel se trouvait l’antisémitisme4. Or, ce genre de comparaison mal placée est elle aussi un classique de la rhétorique des antisionistes antisémites.


Au passage, on pourrait aussi ajouter que c’est une différence essentielle également avec le régime d’Apartheid ou le système colonial et son code de l’indigénat que le racisme et la croyance en une supposée inégalité des « races » et/ou des cultures (et donc la croyance en la supériorité d’un groupe humain – les Juifs, dans la logique des antisionistes antisémites – sur les autres) ne soient pas érigés en Israël en tant que principe de gouvernement, quand bien même ce pays se désigne comme « l’Etat juif » – ce qui n’en fait pas pour autant un Etat théocratique comme l’est l’Iran (dont le principe de gouvernement basé sur une interprétation rigoriste de l’Islam ne dérange en général pas les antisionistes antisémites), mais seulement un Etat confessionnel, comme le sont du reste la majorité des démocraties parlementaires européennes qui subventionnent des cultes quand elles n’ont pas de religion officielle, comme le sont la plupart des pays à majorité musulmane ou comme le sont ou tendent à l’être tant les Etats-Unis que certains pays d’Amérique latine où le fait religieux occupe une place centrale dans la vie politique et sociale sans que personne, pas même nos « antisionistes » d’opérette, pas même ceux d’entre eux qui se veulent des militants de la laïcité, ne semble en prendre ombrage.

Pour en revenir à Gaza, à laquelle Dedaj fait plus spécifiquement référence, on pourrait éventuellement parler de « zone concentrationnaire », mais seulement au sens générique qu’a pu prendre le terme de « camp de concentration » dès la fin du XIXe siècle, à savoir un camp de regroupement de populations considérées comme ennemies. Le problème est que les nazis ont entraîné une certaine confusion dans les termes en transformant certains de leurs camps de concentrations en camps d’extermination et en utilisant massivement le travail forcé dans les camps de concentration comme un moyen d’éliminer les populations emprisonnées, faisant presque des deux types de camps des synonymes. Il arrive d’ailleurs (ce n’est pas le cas dans ce texte de Dedaj, même si le concept étrange de « camps d’extermination de basse intensité » pourrait s’en rapprocher) que les antisionistes antisémites emploient au sujet de Gaza le terme de « camp de concentration », toujours dans leur optique de relativiser le crime nazi pour délégitimer Israël. Pourtant, mieux vaut, pour éviter toute ambiguïté, ne pas employer ce terme dans un tel contexte. D’ailleurs, il n’est pas utile pour comprendre et analyser la spécificité de la situation de Gaza. Au contraire, c’est un terme tellement connoté qu’il interdit toute réflexion un peu subtile sur le sujet.

Un discours raciste applaudi par des « gauchistes »

On remarque également tout au long du texte de Dedaj une absence totale de distinction entre la politique de l’Etat d’Israël et de ses dirigeants et le peuple israélien dans son ensemble qui – outre qu’il comprend aussi des populations non-juives, ce que semble ignorer Dedaj – ne soutient pas de manière univoque son gouvernement. Or, cette tendance à faire des généralités en regroupant des groupes qui n’ont rien à voir entre eux dans le même panier « sioniste », puis à essentialiser toute cette population (dont l’unité et la réalité n’existent que dans les cauchemars de Dedaj) sous ce seul vocable, relève bien d’un discours raciste anti-israélien (« anti-israélien » étant ici à prendre au sens non d’opposant au gouvernement de ce pays mais de raciste envers sa population).

Passons sur les affirmations gratuites (gratuites du fait qu’on ne sait plus si Dedaj parle des dirigeants de l’Etat d’Israël, des Israéliens dans leur ensemble, des seuls tenants du sionisme – Juifs ou non – ou bien des Juifs) :

« Sionistes : partout où je vous ai croisés, vous étiez du mauvais côté de la barrière. Aux côtés de l’Afrique du Sud de l’Apartheid, aux côtés de armées assassines du Guatemala… Je n’ai aucun souvenir de vous avoir vu du côté des exclus, des faibles. Pas une seule fois. »

Passons aussi sur son mépris social de consultant international en gestion pour les colons et les « beaufs » (comprendre : les pauvres) en général – des propos qui ne devraient pas avoir leur place sur un « journal militant d’information alternative », même s’agissant d’ennemis politiques :

« Sionistes : je me souviens d’avoir vu interviewer deux de vos fameux « colons » fraîchement débarqués de Bordeaux. Un couple de médiocres qui avaient enfin trouvé quelqu’un à exploiter. Ici ils n’étaient manifestement rien, allez donc savoir pour qui ils se prenaient là-bas. Vos colons sont des caricatures de beaufs accomplis. »

Hé oui, souvent, dans les phénomènes de colonisation, les pauvres des pays colonisateurs ont servi à dominer et à exploiter les pauvres des pays colonisés, c’est certes regrettable et condamnable, mais en quoi ce mépris social est-il pertinent pour analyser le fait colonial israélien – ou tout autre fait colonial, d’ailleurs ?

Un Dedaj tout de suite beaucoup moins sympathique, mais toujours au service de sa dictature préférée.

Le pire est sans doute que ce texte ait été applaudi dans les commentaires du Grand Soir par des blogueurs influents de la blogosphère de gauche (quasiment tous référencés par le portail altermondialiste Rezo.net), qui n’y ont semble-t-il pas vu malice. Le tenancier des « Chroniques du Yéti » exprime, avec les mêmes comparaisons douteuses et les mêmes confusions, son « Accord complet avec Viktor Dedaj. Voici que les « enfants battus » de la Shoah, maltraitent à leur tour les enfants de leur voisinage. Terrifiant destin ! » Le journaliste Olivier Bonnet, tenancier du blog « Plume de presse » n’a relevé aucun antisémitisme non plus dans ce texte, se contentant d’y apporter cette précision : « De juillet 2006 (guerre du Liban) à décembre 2008/janvier 2009 : « Plomb durci » et carnage sur Gaza. » Emcee, tenancière du blog « Des bassines et du zèle » va plus loin et salue « un texte admirable qui n’a pas pris une ride ». Quant à l’actrice Saïda Churchill, épouse de Romain Bouteille et vulgarisatrice de Noam Chomsky, elle ne souhaite pas être en reste dans ce concert de louanges : « La même chose pour moi, s’il vous plaît ! » Ce texte a par ailleurs été repris sur le blog « Police, etc. » de la fliquette se voulant « de gauche » malgré le métier qu’elle exerce Bénédicte Desforges5, qui indique l’avoir elle-même repompé sur le blog de l’animateur de radio Philippe Sage.

Comme il nous paraît impossible que tous ces gens ne sachent pas lire, on va supposer qu’ils se sont laissés aveugler par leur détestation – légitime – du sort fait par l’Etat d’Israël aux Palestiniens et par la petite phrase magique de Dedaj sur le-mot-qu’il-ne-faut-surtout-pas-prononcer-mais-qu’on-prononce-quand-même mais que, ayant pris connaissance de notre analyse, ils vont promptement soit revenir sur leurs déclarations de soutien, soit retirer ce texte de leurs sites respectifs, si ce n’est déjà fait.

A propos du sionisme et de l’antisionisme

Quelques remarques pour finir sur les notions de « sionisme » et d’« antisionisme » : dès les débuts du sionisme en tant que réveil national juif, c’est-à-dire dès la fin du XIXe siècle, ce terme a été réapproprié par les antisémites pour tenter de camoufler ce qu’ils sont réellement. Ce sont ces gens-là, qu’ils soient de gauche ou de droite, et eux seuls que nous désignons dans ce texte sous le terme d’« antisionistes antisémites ». Or, « antisionisme » revêt aussi deux autres sens, légitimes ceux-là, quoique ne recouvrant pas tout à fait les mêmes réalités même s’ils peuvent se téléscoper (Les dirigeants d’Israël se revendiquant souvent de la philosophie politique, ou du moins de certains de ses courants, pour justifier leur politique) : critique du sionisme en tant que philosophie  ou projet politique (son sens originel, qui d’ailleurs ne désignait pas forcément à l’époque la Palestine comme « foyer national juif ») et critique de la politique de l’Etat d’Israël ou contestation de sa légitimité (sens apparus après 1948, le dernier sens pouvant être moins légitime que les trois autres selon le type de discours qui y est associé).

C’est sur cette polysémie que jouent les antisionistes antisémites pour se faire passer pour ce qu’ils ne sont pas, et même pour leur contraire : des antiracistes, aidés en cela par une résolution de l’Onu de 1975 qualifiant le sionisme de « racisme », et dont ils nous rebattent les pixels6. Problème : cette résolution ne précise pas quelle définition elle donne au « sionisme ». S’agit-il de la philosophie ou du projet politique ? Si, oui, duquel de leurs courants ? S’agit-il de la légitimité d’Israël ? S’agit-il de sa politique ? Cette dernière option est la plus probable compte tenu du contexte, mais encore aurait-il fallu le préciser pour ne pas prêter le flanc à tous les amalgames qui peuvent en découler, et sur lesquels jouent les antisionistes antisémites. D’autre part, si le sionisme, comme tout nationalisme, est susceptible de contenir des dimensions de rejet de l’autre, de colonisation, d’impérialisme et/ou de discrimination alors on peut en dire autant du nationalisme français, allemand, turc, chinois voire arabe, etc. et on se demande dès lors pourquoi l’Onu n’a pas condamné de la même manière le nationalisme dans son ensemble, plutôt que de se focaliser sur celui-là en particulier, à une époque où les impérialismes ou les nationalismes ne manquaient pas de s’affronter sur le scène mondiale. Quoi qu’il en soit, on peut aussi souligner ce que ne relèvent jamais les antisionistes antisémites : que cette résolution a été abrogée en 19917, et que la Déclaration universelle des Droits de l’Homme, texte fondateur de l’Onu, condamne toute forme de racisme et de discrimination, donc certes la politique coloniale de l’Etat d’Israël, mais aussi leur propre antisémitisme, quand bien même il est remaquillé sous des oripeaux « antisionistes ».

Une chose est sûre : aujourd’hui, avec la montée du confusionnisme politique, les cartes se retrouvent totalement brouillées, à tel point qu’il n’est plus possible de se dire « antisioniste » sans s’attirer des soupçons d’antisémitisme. On ne peut que remercier pour cela des gens comme Viktor Dedaj qui, faisant mine de dénoncer cet amalgame, ne cessent de l’entretenir et donc de faire le jeu de ceux qu’ils prétendent combattre, c’est-à-dire les défenseurs inconditionnels de la politique israélienne contre le peuple palestinien, soit ceux-là même voient pour certains comme une aubaine le fait de pouvoir associer antisionisme et antisémitisme afin de discréditer toute critique de la politique menée par l’Etat d’Israël en Palestine. Et comment leur donner tort quand des idiots utiles à la Dedaj font tant pour leur donner raison ?

Peut-être serait-il grand temps, pour contrer cette double offensive réactionnaire, de réfléchir à d’autres termes que ce mot trop polysémique d’« antisionisme » pour désigner la légitime critique de la politique de l’Etat d’Israël à l’égard des Palestiniens.

Abattez le mur !

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1 Voir ici : legrandsoir.info/Les-champs-de-Gaza-n-ont-jamais.html et là : bordeaux.indymedia.org/article/commune-d%E2%80%99aligre-et-confusionnisme-politique-ca-suffit?showcomments&page=0#comment-nid-2101

2 Nous ne nous appesantirons pas sur le cas de son comparse Maxime Vivas, qui met en avant son passé antifranquiste pour tenter de démontrer qu’il ne serait soupçonnable d’aucune sympathie fasciste ou raciste : si ce CV est authentique, le fait qu’il continue d’animer un site comme LGS est d’autant plus impardonnable. Voir ici : legrandsoir.info/lgs-s-est-invite-a-un-debat-organise-par-nos-calomniateurs-d-a-xi.html

3 A lire ici : http://www.anti-rev.org/textes/Bensoussan99a/ Ce texte date d’avant avant que Bensoussan ne se mette lui-même à délirer sur les jeunes musulmans comme principaux acteurs du développement de l’antisémitisme à l’école et à s’attirer les sympathies d’une certaine extrême droite.

4 Les adjectifs « juif » ou « enjuivé » devenant alors une sorte d’étalon pour désigner tout ce qui sortait de la norme nazie : homosexuels, communistes, opposants divers, etc. Lire à sujet Lingua Tertii Imperii (La langue du IIIe Reich) du philologue juif allemand Victor Klemperer.

5 Voir ici : police.etc.over-blog.net/article-26541830.html

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Les fascistes et leurs sous-fifres hors de la Commune d’Aligre : suite

Nous avons reçu par mail un nouveau communiqué des antifascistes du 12e arrondissement de Paris, qui l’ont apposé sous forme d’affiches sur les murs du quartier d’Aligre dans la nuit du 6 au 7 mars 2012, en réponse aux accusations de « menaces » et de « violence » formulées par les administrateurs de la Commune libre d’Aligre et par Legrandsoir.info suite à l’annulation de la conférence qu’un des deux animateurs de ce site, Viktor Dedaj, devait donner au Café de la Commune la semaine dernière (voir leur précédent communiqué).

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Le confusionnisme politique, ça suffit !

Nous nous félicitons de l’annulation de la conférence de Viktor Dedaj prévue le 29 février 2012 au café de la Commune libre d’Aligre, suite à notre campagne d’affichage.

Un personnage aussi douteux, qui anime un site soutenant des régimes dictatoriaux et diffusant de la propagande fasciste, n’a pas sa place dans un lieu qui s’affiche « alternatif » et « de gauche ».

Nous regrettons toutefois les termes employés par les animateurs de la Commune pour justifier cette annulation :

On nous accuse d’avoir proféré des « menaces » et d’avoir commis une action « violente » : il faut savoir raison garder, notre affiche n’avait rien de violent. L’affiche est un mode d’expression traditionnel dans le monde militant, qui relève de la liberté d’expression. Personne n’a été blessé, personne n’est mort à cause de la nôtre. Nous n’avons par ailleurs nullement appelé à la violence dans le texte publié, simplement à la vigilance.

Les membres de la Commune refusent de se prononcer sur le fond des accusations portées : c’est bien là que le bât blesse. Cette affaire mérite au contraire qu’on s’y arrête, et qu’on prenne la peine d’y réfléchir afin d’affirmer et de réaffirmer que l’extrême droite et ceux qui s’en font les complices, quand bien même ils se veulent de « gauche », sont indésirables dans nos luttes. A propos de « violence », nous nous interrogeons d’ailleurs sur ce qui conduit La Commune à qualifier notre action de « violente » et à refuser de se prononcer sur le soutien d’un invité à des régimes et des organisations autrement plus violents, et pour de vrai, du coup.

Enfin, La Commune laisse la porte ouverte à « la possibilité d’une nouvelle programmation de cette soirée dans des conditions sereines assurant un débat ouvert et démocratique ». Attention : une, deux fois* mais pas trois, camarades ! Que vous ayez pu vous laisser abuser jusque là, nous voulons bien le croire. Mais dans le cas où, en connaissance de cause désormais, vous réinviteriez ce Monsieur, tout militant sincère serait bien obligé d’en tirer les conséquences concernant votre inconséquence politique. En effet, on ne débat pas avec des fascistes ou leurs amis, on les combat. La défense de la liberté d’expression et le refus du délit d’opinion ne veulent pas dire qu’il nous faut ouvrir nos portes à tous les vents, et singulièrement pas à nos ennemis, qui ne peuvent qu’en tirer avantage, quand bien même ils se disent « victimes » de la « censure ». A ce propos, rappelons une évidence que certains semblent oublier un peu trop facilement : les ennemis de nos ennemis ne sont pas forcément nos amis. Enfin, notons qu’en ce qui concerne le « débat ouvert et démocratique », ce n’est surtout pas sur Legrandsoir.info et ses animateurs qu’il faut compter : ce site n’a de cesse de diffamer ses adversaires par l’injure, le mensonge, la diffusion de fausses informations et est caractérisé par son refus de toute parole contradictoire, notamment dans ses forums.

Nous espérons donc que cette invitation n’était qu’une regrettable erreur qui ne se reproduira pas, et nous invitons les membres de La Commune et le public à s’informer sur le confusionnisme politique, son fonctionnement, ses réseaux, le danger qu’il représente. Encore une fois, nous le répétons :

Fascistes, antisémites, idiots utiles de l’extrême droite : Hors de nos luttes !

Quelques militants antifascistes, anti-impérialistes et anti-autoritaires du 12e arrondissement, le mercredi 7 mars 2012.

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* Legrandsoir.info avait déjà été invité au café le 8 novembre dernier, alors que ses orientations politiques étaient déjà connues.

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L’affiche au format pdf :

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Les fascistes et leurs sous-fifres hors de la Commune d’Aligre !

Nous publions ci-dessous le texte d’une affiche collée ce matin sur les murs du quartier d’Aligre, dans le 12e arrondissement de Paris, à l’initiative d’un collectif antifasciste local. Nous saluons cette initiative qui vise tout à la fois à mettre en garde un lieu alternatif et militant parisien contre la venue d’un invité indésirable et à informer le public du problème posé par le confusionnisme politique.

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Les fascistes et leurs sous-fifres hors de la Commune d’Aligre !

Ce soir, la Commune libre d’Aligre reçoit l’animateur d’un site fascisant.

Ce soir, le Café de la Commune libre d’Aligre doit recevoir Viktor Dedaj, un des administrateurs du site internet Legrandsoir.info, autour de « la question de l’information sur Internet » et « les processus de désinformation et de mise en jeu de la responsabilité des responsables de sites » (sic).

Nous ne doutons pas qu’à cette occasion, M. Dedaj va jouer les martyrs, puisqu’il a été ces derniers mois mis en cause justement en tant que responsable d’un site de désinformation par divers militants antifascistes et journalistes indépendants. Nous ne doutons pas non plus qu’il ne manquera pas d’en omettre les raisons :

Publication de négationnistes comme Ginette Skandrani (exclue des Verts pour ce motif il y a quelques années et co-organisatrice ces derniers temps de manifestations pro-Kadhafi et pro-Al Assad) ;
Publication des communiqués du militant néo-fasciste Vincent Vauclin (exclu il y a environ un an du syndicat Sud pour activisme d’extrême droite) ;
Reprise d’articles de Novopress, l’agence de presse du Bloc identitaire, et apologie il y a quelques jours seulement des « analyses » géopolitiques d’Yves-Marie Laulan, proche du Bloc identitaire et animateur du « Libre journal » sur la station d’extrême droite Radio Courtoisie ;
Soutien répété à divers dictateurs, criminels de guerre et assassins de journalistes (récemment Kadhafi et Al Assad), via notamment la publication d’articles du Réseau Voltaire du conspirationniste Thierry Meyssan (proche de Dieudonné et d’Alain Soral ; salarié d’Al Manar, la télé du Hezbollah) et du site Infosyrie (site pro-Bachar Al Assad mis en ligne par Frédéric Chatillon, un conseiller de Marine Le Pen) ;
Publication répétée d’articles de l’intellectuel « marxiste » et confusionniste Michel Collon, interdit récemment de conférence à la Bourse du Travail par des militants syndicaux qui ont à raison dénoncé ses collusions avec l’extrême droite antisémite et son soutien aux régimes sus-cités ;
Publication répétée de textes orduriers et diffamatoires à l’endroit de militants antifascistes, de journalistes et de médias et sites indépendants ayant dénoncé ces faits ;
– etc.

L’anti-impérialisme et l’antisionisme servent trop souvent de prétexte à la pénétration des mouvements de gauche par des idéologies d’extrême droite. Or, Legrandsoir.info participe pleinement de ce confusionnisme politique que tout militant sincère se doit de dénoncer avec force car il discrédite le nécessaire combat anti-impérialiste et anticolonial dans son ensemble.

Puisque M. Dedaj n’expliquera sûrement pas tout ceci ce soir, nous nous chargeons de rafraîchir la mémoire des militants qui s’apprêtent à l’accueillir. Si malgré cela, ils maintiennent cette invitation, alors ils devront assumer leur nouveau statut de promoteurs et donc de complices d’un relais de propagande fasciste.

Le confusionnisme politique, ça suffit !

Fascistes, antisémites, idiots utiles de l’extrême droite : Hors de nos luttes !

Quelques militants antifascistes, anti-impérialistes et anti-autoritaires du 12e arrondissement, le mercredi 29 février 2012.

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Affiche disponible au format PDF ci-dessous :

communique-dedaj

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Les « Indignés » parisiens encore et toujours infiltrés par des fafs

On nous avait pourtant garanti que le mouvement des Indignés avait fait le ménage en son sein et viré les soraliens, conspis et autres fafs. D’ailleurs, même Alain Bonnet de Soral et François Asselineau s’en étaient plaints, estimant que ce mouvement était en réalité aux mains de l’extrême gauche et des antifascistes1. Or, comme on pouvait s’en douter, il n’en est rien. La dernière manifestation du mouvement, Occupons La Défense, en témoigne.

Inspiré du rassemblement américain Occupy Wall Street, Occupons La Défense est une initiative émanant, selon l’AFP, des « mouvements Démocratie réelle Paris, Indignés de la Bastille, Uncut France, Occupy Paris et les Pas de Noms » soit en tout et pour tout… essentiellement deux personnes, les désormais célèbres Grégory Pasqueille et Benjamin Ball, soutenus par quelques uns de leurs amis Facebook avant d’être rejoints par d’autres personnes.

On connaît la perméabilité, depuis ses débuts, du mouvement dit des Indignés aux thèses les plus farfelues2. On a été témoins de sa lente descente aux enfers, qui l’a conduit ces derniers temps dans certains pays à appuyer la répression policière3. Pourtant, plusieurs camarades les ayant rencontrés lors de leur grande manifestation du 15 octobre dernier nous ont certifié que les choses avaient changé. Certains, présents à la Défense, ont salué leur fonctionnement horizontal qui pourrait permettre de fonder un grand mouvement pour peu qu’on y ajoute un fond politique conséquent.

Car là est bien le fond du problème : les Indignés baignent toujours dans une indigence politique à faire peur. Même les flics semblent s’ennuyer ferme en compagnie de cette bande de zozos vaguement hippies qui leur crient « La police avec nous ! » et « Libérez-vous ! », qui s’opposent à eux avec des coeurs et qui, dans certains cas, leurs font des bisous. Et les mêmes camarades qui trouvent intéressant leur recherche d’horizontalité témoignent assez vite du fait que cette indigence citoyenniste les conduit à accepter d’écouter n’importe quelle prise de parole : « on pourrait leur tenir un discours néo-nazi qu’ils ne trouveraient rien à redire et passeraient au suivant comme si de rien n’était. Ils sont même capables d’y applaudir ».

Il faut dire que les fafs dénoncés sur divers sites il y a quelques mois pour leur volonté de noyauter le mouvement gravitent toujours autour et continuent d’y creuser leur nid, trop contents de l’aubaine.

Présent sur la manifestation pro-Kadhafi des négationnistes Ginette Skandrani et Maria Poumier le 15 octobre dernier4, Yves Ducourneau, militant de ReOpen911 et du Parti antisioniste, confirme le doute que nous avions eu en regardant certaines vidéos : une manifestation d’indignés a bien croisé celle de Skandrani – sans trop « s’indigner » de ses mots d’ordre toutefois – et Ducourneau et sa bande ont pu s’y glisser sans problème :

Les 7 et 8 novembre derniers, nous avons pu apercevoir ce bon Charles Aissani, ex-briseur de grèves lors du CPE et soralien notoire5, en bonne place sur des photos et une vidéo tournée pendant une évacuation du campement de La Défense6 :

Des observateurs envoyés sur place dans les jours suivants ont pu nous confirmer qu’Aissani tenait une place importante au sein du mouvement, animant une commission, des AG et distribuant des tours de parole. C’était aussi visiblement encore le cas ces jours derniers.

A peu près au même moment, l’UPR, qui s’était pourtant plaint d’une mise à l’écart, se rappelle à notre bon souvenir. Via la protestation sur Facebook d’un sympathisant des Indignés d’abord, contre cette présence7, via une militante ensuite, qui demande sur Facebook des renforts aux troupes d’Asselineau pour « remettre les indignés dans le droit chemin », suggestion reçue un peu froidement à cause de ces mêmes protestations :

Pourtant, en réalité, l’UPR n’a jamais vraiment été absent du mouvement des Indignés. Il y a même un contact de choix via Benjamin Ball8, qui appelle désormais François Asselineau par son petit nom et se dit « prêt à débattre » avec lui et parle de « nouvel ordre mondial globalitaire » (sic !) lorsqu’il discute sur Facebook avec Erick Bozz Mary, cadre de l’UPR, admirateur de Serge Ayoub, fan de Jean-Pax Mefret, de la Légion étrangère et nostalgique de l’Algérie française9 :

Visiblement, notre ami Bozz Mary n’a pas apprécié de se faire éjecter du mouvement en juin dernier (on ne sait pas s’il a tenté d’y retourner depuis) et en tient encore rigueur aux Indignés (ou aux antifas, on ne sait plus très bien) :

Il suit en cela la logique de son leader, pourtant docteur ès antifascitologie depuis qu’il a « découvert » les liens « occultes » qui unissent selon lui les antifas à la CIA, mais qui mélange tout et assimile des gens (antifas et Indignés, groupes d’antifas divers) qui n’ont rien à voir entre eux… au prétexte que ces gens se sont ou se seraient tous attaqués à sa personne. La rancune ne fait pas bon ménage avec la raison :

Cependant, il arrive encore régulièrement que des Indignés postent des nouvelles du mouvement sur le mur de l’UPR et appellent Asselineau à les soutenir.

Dans les jours précédant ces savoureux échanges, la webTV conspirationniste d’extrême droite Independenza WebTV a pu sans problème retourner filmer les participants à un mouvement qu’elle suit depuis ses débuts :

Que penser enfin de ce drapeau français planté au beau milieu du campement dès le début de l’occupation ? Va-t-on encore nous dire qu’il s’agit là d’un symbole révolutionnaire sans absolument aucune connotation nationaliste ?

Malgré leurs accointances très douteuses et un vide politique évident, les Indignés français et singulièrement parisiens se plaignent en permanence d’une sous-médiatisation, qui serait la cause du peu de retentissement de leur mouvement. Pourtant, des dizaines d’articles leurs ont été consacrés depuis qu’ils occupent la Défense dans les plus grands médias : l’AFP, Libération, Le Nouvel Observateur, iTélé, L’Express et même Le Figaro ou la presse gratuite (qui est lue par des millions de personnes chaque jour), etc. Soit une attention médiatique exceptionnelle, que connaissent peu de mobilisations aussi minoritaires10. Une attention même suspecte : les médias sont rarement aussi complaisants envers les mouvements sociaux, sauf quand ils sont trop sages pour être dangereux.

Car en dépit de cette forte visibilité médiatique, les Indignés sont désertés par les militants : l’explication ne résiderait-elle pas précisément dans leur excès de légalisme et leur trop grande naïveté, genre « tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil », qui les rend si pathétiquement médiatiques ?

En tout cas, une chose est sûre : alors qu’ils préparent de nouvelles mobilisations, il y a encore du boulot à faire pour que les « indignés » se changent en « enragés » !

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1Voir ici pour le premier (à partir de 28 min 45) : dailymotion.com/video/xjiflo_alain-soral-entretien-de-juin-2011_news
Et là pour le second : u-p-r.fr/actualite-facebook/manipulations-et-recuperation-qui-est-vraiment-derriere-les-%C2%AB-indignes-%C2%BB

2Voir ce témoignage paru en juin dernier sur Indymedia Paris : http://paris.indymedia.org/spip.php?article7120

5Sur Ducourneau et Aissani, voir notre article « ReOpen911, une porte ouverte sur l’extrême droite »

6Voir la vidéo ici : vimeo.com/31819551

7Voir ici : fr-fr.facebook.com/permalink.php?story_fbid=256239954428161&id=188894887829335

8Pour en savoir plus sur ce cas de pathologie politique, voir ici : http://paris.indymedia.org/spip.php?page=recherche&recherche=benjamin+ball

9Ball intervient justement ici suite à l’article de l’UPR dénonçant une collusion fantsamée entre milliardaires et gauchistes pour « manipuler » les Indignés et intitulé « Manipulations et récupérations, qui est vraiment derrière les Indignés ». Cette conversation d’anthologie est consultable sur le mur d’Erick Bozz Mary.

10Dans le même temps, une grève de la faim de salariés de Randstad à Saint-Denis (93) contre les morts en intérim et pour de meilleures conditions de travail aura été couverte par… deux articles, sur le site d’Europe 1 et celui de La Dépêche (résultats obtenus en tapant « grève de la faim Randstad » dans Google actualités).

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